En Guinée, début d'une grève générale illimitée, deux jeunes tués

11:3727/02/2024, Salı
AFP
Un officier de police regarde les manifestants faire des gestes et jeter des pierres, lors d'une manifestation de masse le matin après la publication des résultats préliminaires pour cinq communes à Conakry, le 21 octobre 2020.
Crédit Photo : JOHN WESSELS / AFP
Un officier de police regarde les manifestants faire des gestes et jeter des pierres, lors d'une manifestation de masse le matin après la publication des résultats préliminaires pour cinq communes à Conakry, le 21 octobre 2020.

Deux jeunes hommes ont été tués par balle lundi lors de la première journée d'une grève générale illimitée très suivie en Guinée, où les militaires au pouvoir depuis 2021 répriment toute forme de contestation.

Deux jeunes hommes ont été tués par balle lundi lors de la première journée d'une grève générale illimitée très suivie en Guinée, où les militaires au pouvoir depuis 2021 répriment toute forme de contestation.


Cette mobilisation donne une idée du rapport de force entre les centrales syndicales, soutenues par les principaux partis politiques et des organisations de la société civile, et les autorités militaires qui interdisent toute manifestation, muselle l'opposition et cherche à faire taire toute critique à son égard.

Elle est lancée dans un climat de tension sociale grandissante et en l'absence de gouvernement, depuis que la junte a annoncé contre toute attente sa dissolution il y a une semaine sans en donner les raisons, mais en ordonnant le gel des comptes bancaires de ses membres et la saisie de leurs passeports.



La grève générale vise à obtenir la baisse des prix des denrées de première nécessité, la fin de la censure médiatique et la libération d'un syndicaliste de presse.


Elle a été très suivie et est renouvelée pour les jours à venir,
"jusqu'à satisfaction totale et intégrale de l'ensemble des points de revendications"
, a déclaré lundi à la presse Amadou Diallo, porte-parole du mouvement syndical.

Les syndicalistes ont rencontré dans la journée les leaders religieux qui ont promis d'échanger avec le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya.

Conakry a ressemblé à une ville morte lundi. Les routes, habituellement bondées, étaient vides. Les banques, écoles, commerces étaient fermées. Le grand marché de Madina, poumon économique de Conakry, est resté désert toute la journée.



Les administrations et hôpitaux ont offert un service minimum.


Tués par balle


Des heurts entre forces de sécurité et manifestants ont éclaté sporadiquement dans certains quartiers de la banlieue de la capitale.


Deux jeunes hommes ont été tués par balle.

Adama Keita, membre de la famille d'un jeune de 18 ans qui a été pris dans des affrontements a déclaré:


Ils ont tué notre fils, ils l'ont visé et tué d'une balle dans le cou.

Une information confirmée par un gendarme qui a requis l'anonymat et par un témoin.

Un autre jeune est mort dans des circonstances similaires, a dit un médecin de l'hôpital Jean-Paul-II où il est décédé. Son père Aboubacar Touré a déclaré:

Quand Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir, il a dit que la justice sera la boussole qui va orienter tous les Guinéens. Aujourd'hui, il est en train de faire pire que l'autre (l'ex-président Alpha Condé).

Les autorités n'ont pas immédiatement confirmé la mort des deux hommes, comme cela a souvent été le cas par le passé.


"Cette grève est la bienvenue, elle va obliger les autorités à comprendre qu'ils ne sont pas des Dieux sur terre"
, a déclaré un cadre d'un ministère qui a requis l'anonymat.

La contestation est devenue exceptionnelle sous le général Doumbouya. A la tête de ce pays parmi les moins développés au monde en dépit de ses ressources naturelles, il n'a pas pris la parole depuis le début de l'année 2024, malgré un contexte tendu.


La junte a interdit toute manifestation. Elle a réprimé l'opposition, largement réduite à l'impuissance.


Censure de la presse


Les militaires au pouvoir ont récemment sévi contre un certain nombre de médias en supprimant des chaînes de télévision des principaux bouquets de distribution et en brouillant des fréquences radio, provoquant des manifestations de colère, en particulier de journalistes.


L'un d'eux, Sekou Jamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), a été condamné vendredi à six mois de prison dont trois avec sursis. Les syndicats exigent sa libération.

Le collectif d'avocats qui le défend a indiqué dans un communiqué avoir été informé lundi qu'avec une célérité rare, le procès en appel avait été audiencé mercredi.


Les autorités ont consenti, sous la pression internationale, à annoncer qu'elle allait rendre la place à des civils élus d'ici à fin 2024, le temps, dit-elle, de mener de profondes réformes.


Dimanche, la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest a annoncé la levée de sanctions économiques contre la Guinée.

En janvier-février 2007, les syndicats avaient orchestré des grèves générales très suivies. La répression de cette contestation historique contre la corruption et l'ingérence du pouvoir dans la justice sous le régime autoritaire du président Lansana Conté avait fait 186 morts selon des ONG.


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