Le décor est posé, l'issue très incertaine. La France entre mercredi dans la dernière ligne droite des élections législatives anticipées, après la clôture des candidatures et l'émergence d'un fragile front républicain contre une extrême droite en forte hausse.
Selon un décompte de l'AFP, 214 désistements ont été recensés pour le second tour du scrutin, avec le maintien seulement d'une grosse centaine de triangulaires et quadrangulaires (trois ou quatre candidats qualifiés) sur les 311 qualifiées dimanche dernier.
Si les reports de voix sont insuffisants et si la dynamique du RN se confirme, le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella, 28 ans, composera le premier gouvernement d'extrême droite en France depuis la Seconde guerre mondiale.
L'échiquier politique français retient son souffle depuis la dissolution surprise de l'Assemblée nationale le 9 juin par le président Emmanuel Macron et le premier tour qui a placé le RN en tête devant l'alliance des gauches du Nouveau front populaire (NFP).
La plupart des projections en sièges réalisées ces derniers jours indiquent que le RN peinera à atteindre la majorité absolue (289 députés). L'hypothèse se renforce d'un scénario à trois blocs (extrême droite, gauche, macronistes), qui pourrait rendre le pays ingouvernable alors qu'il s'apprête à accueillir les Jeux olympiques.
Un vernis pas épais
En face, la concorde n'est guère de mise entre des forces disparates, farouchement adversaires hier mais condamnées à s'entendre.
Il n'y aura pas de Premier ministre macroniste.
Mais le vernis ne semble pas épais derrière de profondes défiances mutuelles.
Pierre Jouvet, son secrétaire général a dénoncé:
Les Républicains sont ambigus.
Quant à la gauche radicale de La France insoumise (LFI), le plus puissant des partis de gauche mais aussi le plus clivant, elle a exclu une participation à une telle coalition. Manuel Bompard, un de leurs représentants, a affirmé:
Les Insoumis ne gouverneront que pour appliquer leur programme, rien que le programme mais tout le programme.
Le président Macron, lui, est réduit au silence pour ne pas enfoncer plus encore son propre camp, qui ne lui pardonne pas d'avoir convoqué ces élections. Il n'a plus pris la parole publiquement depuis une déclaration à Bruxelles jeudi et une lettre publiée dimanche.
Son parti, qui jouissait d'une majorité relative dans l'Assemblée sortante, n'est arrivé que troisième avec 20% des voix au premier tour et se prépare à une déroute.
Attendu pour le sommet de l'Otan à Washington la semaine prochaine, le chef de l'Etat semble déjà affaibli sur la scène internationale, qui scrute le résultat de dimanche entre attention et inquiétude à l'égard d'un des piliers de l'Union européenne et d'une puissance dotée de l'arme nucléaire.
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