Crédit photo: JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
La ministre déléguée à la citoyenneté, Sonia Backès, a démenti, dimanche soir, par voie de communiqué, les accusations de fichage des élèves musulmans absents le 21 avril dernier, à l’occasion de l’Aïd Al-Fitr.
"Contrairement à ce qui a pu être affirmé au cours des derniers jours, le ministère de l'Intérieur et des Outre-mer ne pratique bien évidemment aucun fichage des élèves en fonction de leur confession",
a-t-elle assuré, précisant qu’aucune
"donnée nominative n'a été ni demandée ni recensée à aucun moment"
.
Elle concède néanmoins que son ministère
"étudie régulièrement l'impact de certaines fêtes religieuses sur le fonctionnement des services publics, et notamment au sein de la sphère scolaire"
et que c’est
"dans ce cadre qu'une évaluation du taux d'absentéisme constaté à l'occasion de la fête de l'Aid-al-Fitr, le 21 avril dernier, a pu être demandée, dans certaines académies, aux chefs d'établissement"
.
Pour autant, aucune preuve n’a été apportée quant à des directives ou requêtes similaires concernant les élèves d’autres religions.
Selon une information rapportée par la presse française mi-mai, des e-mails ont été adressés par les services de police à de nombreux établissements notamment à Toulouse et Montpellier en ciblant les quartiers populaires.
"À la demande des services de renseignement et pour effectuer un bilan sur cette journée, nous vous sollicitions pour connaître le taux d'absentéisme le vendredi 21 avril, lors de la fête de l'Aïd. Merci de nous faire un retour rapidement"
indique par exemple le courrier électronique reçu par certains établissements toulousains, relayé par le journal La Dépêche.
Le rectorat de l'Académie de Toulouse a fait savoir qu’il avait donné consigne aux établissements scolaires de ne pas répondre à cette requête, et souligne ne pas avoir été informé en amont.
Interrogé par France 3 Occitanie, le président de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) de Haute-Garonne Jean-François Mignard a dénoncé le ciblage des musulmans.
"Ce n'est pas quelque chose que l'on demande aux personnes de confession chrétienne ou juive par exemple"
, a-t-il pointé, faisant état d'une
"grave atteinte aux droits fondamentaux"
et déplorant une situation, dans laquelle il faut rappeler aux fonctionnaires que la liberté de conscience et la liberté de culte sont garanties par l'État.
Du côté de Montpellier, la consigne a été similaire et l’e-mail adressé aux établissements et dévoilé par le CCIE (Collectif contre l’islamophobie en Europe) fait état des mêmes requêtes.
"Nous sommes interrogés sur l’absentéisme scolaire au cours de la période du Ramadan qui s'est déroulé du 22 mars au 21 avril et particulièrement sur la journée du 21 avril, jour de l'Aïd. Aussi, je vous remercie de répondre à ces questions par retour de mail avant lundi 15 mai à 17 h. Le Ramadan a-t-il eu un impact sur l’absentéisme ? Si oui, pouvez-vous estimer son augmentation sur la période du Ramadan hors fête de l'Aïd, par rapport aux taux d'absentéisme ordinaires ? (+ 5 %, +10 %...?). Quel a été le taux d'absentéisme de la journée du 21 avril (fête de l'Aïd) ?"
, est-il écrit aux chefs d’établissements.
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