France: le Premier ministre fait sa rentrée, entre menaces de censure et de blocage du pays

16:0725/08/2025, lundi
AFP
Le Premier ministre français François Bayrou observe la situation lors d'une visite au poste de commandement installé à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le sud de la France, où un incendie de forêt a ravagé une vaste zone le 6 août 2025.
Crédit Photo : Idriss BIGOU-GILLES / AFP
Le Premier ministre français François Bayrou observe la situation lors d'une visite au poste de commandement installé à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le sud de la France, où un incendie de forêt a ravagé une vaste zone le 6 août 2025.

Le Premier ministre français sera-t-il censuré sur son projet de budget à 44 milliards d'euros d'économies? François Bayrou aborde une rentrée politique à haut risque en tenant une conférence de presse très attendue lundi, dans un contexte d'appels à bloquer le pays le 10 septembre.

La dernière explication de texte du chef du gouvernement sur le sujet remonte au 15 juillet.


Depuis cette date, et l'annonce de 43,8 milliards d'euros d'économies via de nombreuses mesures -- année blanche fiscale, gel des pensions et prestations sociales, suppression de deux jours fériés à laquelle s'opposent 84% des Français selon un sondage --, le Premier ministre fait face à une menace de censure brandie par la gauche et l'extrême droite.

Il doit aussi affronter des appels à bloquer le pays le 10 septembre, nés sur les réseaux sociaux et soutenus par la France insoumise (LFI, gauche radicale) de Jean-Luc Mélenchon, qui a dit espérer
"la grève générale"
. Les socialistes, les écologistes et les communistes appuient également cet appel.

Circonspects face à ce mouvement, les syndicats de salariés, opposés au budget Bayrou comme au projet gouvernemental de réformer à nouveau l'assurance-chômage, réfléchissent à leurs moyens d'action, avant une intersyndicale prévue le 1er septembre.


"Tout le monde a le droit de protester, mais je ne crois pas que, devant une telle crise, la réponse des Français puisse être de bloquer le pays"
, a jugé M. Bayrou dimanche.

"Subir la rentrée"


Après l'expérience de Michel Barnier, Premier ministre renversé au bout de trois mois, François Bayrou
"ne veut pas subir la rentrée".
"Il ne va pas attendre qu'on le censure comme ça. Sans essayer de trouver des voies, des chemins, de réaffirmer un certain nombre de choses",
explique un proche du Premier ministre.

Pour l'ancien président François Hollande, désormais député (socialiste), si la censure est
"aujourd'hui probable",
le
"chaos"
qu'elle pourrait engendrer n'est pas
"bon pour le pays
", a-t-il estimé.

Si les quelque 44 milliards d'économies sont
"intangibles"
,
"les mesures peuvent toutes être discutées,
a récemment insisté M. Bayrou auprès de l'AFP.
J'ai dit que j'étais prêt à entendre d'autres propositions; sur les jours fériés, par exemple, peut-être d'autres dates sont-elles possibles. Mais la seule chose pour moi qui n'est pas possible, c'est qu'on renonce à la prise de conscience et à la volonté de sortir du piège infernal dans lequel nous sommes, celui du surendettement".

Le Premier ministre, reçu par le président Emmanuel Macron jeudi dernier dans sa résidence d'été de Brégançon (sud-est), est notamment attendu sur les contours de la
"contribution des plus fortunés"
, évoquée le 15 juillet. L'ISF (impôt sur la fortune) a été supprimé en France en 2017.

"Prise de conscience"


Face à cette levée de boucliers, François Bayrou plaide sa cause depuis plusieurs semaines via une série de vidéos sur Youtube, conscient néanmoins que,
"à la rentrée, il y aura forcément une confrontation entre le réel et les idéologies"
, comme il l'a déclaré récemment à l'AFP.

"J'ai dit que j'étais prêt à entendre d'autres propositions (...) Mais la seule chose pour moi qui n'est pas possible, c'est qu'on renonce à la prise de conscience et à la volonté de sortir du piège infernal dans lequel nous sommes, celui du surendettement".

L'un des objectifs du chef du gouvernement français est en effet de ramener à 4,6% du PIB (produit intérieur brut) le déficit public de la France, qui a atteint 5,8% en 2024. La dette publique française représente près de 114% du PIB, soit la troisième plus importante de la zone euro derrière la Grèce et l'Italie.

D'après les projections de la Commission européenne publiées en mai, la France devrait enregistrer le pire déficit public de la zone euro en 2025 et 2026.


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