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Les musulmans de France sont confrontés à de nombreuses difficultés qui compliquent leur quotidien, la discrimination, le racisme et la violence étant les principales sources du malaise qu'ils éprouvent chaque jour.
Le rapport du Collectif contre l'islamophobie en Europe de 2022 a classé la France parmi les pays les plus islamophobes.
Les perspectives d'emploi
"Si vous êtes un musulman français à la recherche d'un emploi, vous avez cinq fois plus de chances d'être victime de discrimination qu'un non-musulman",
déclare Yasser Louati, militant des droits de l'homme basé à Paris.
Louati, qui est également analyste politique, a ajouté dans un entretien avec Anadolu Ajansi:
"Quant aux femmes musulmanes qui portent le hijab, leurs chances d'obtenir un emploi ne dépassent pas un pour cent".
"Si vous cherchez un logement, cela prend deux fois plus de temps que la normale, parce que vous êtes stigmatisé en tant qu'Africain, Nord-Africain ou Musulman",
poursuit Yasser Louati. Et d'ajouter:
Si vous êtes un jeune musulman en France, vous êtes le premier visé par les violences policières.
Il souligne qu'
"un musulman est confronté à une lutte quotidienne, car même s'il a des droits sur le papier, ceux-là ne lui seront jamais accordés".
Les musulmans après la réélection de Macron
Louati souligne que la réélection du président français Emmanuel Macron en 2022
"n'a pas été une bonne nouvelle pour les musulmans, ni pour les Français en général".
Il explique que Macron
"n'a pas réussi à endiguer la pauvreté, ni à lutter contre la corruption et la discrimination, et qu'au lieu de se concentrer sur les politiques sociales et économiques, il a misé tout au long de sa campagne présidentielle sur un discours identitaire".
En outre,
"Macron a axé son second mandat sur la mise au pas des musulmans au moyen de dispositifs ciblés et extrémistes".
Louati estime que
"cela signifie que le président français peut interdire toute organisation sans passer par la justice, et qu'il peut criminaliser les chercheurs s'ils traitent de l'islamophobie".
À son tour, Abdenour Toumi, expert au Centre pour les études du Moyen-Orient (Orsam), indique à Anadolu Ajansi que le mandat de Macron a
"brisé le lien entre l'État et les musulmans".
Et d'ajouter:
Hélas, Macron a fortement nui à la relation entre les musulmans et la France en général.
L'état d'esprit des musulmans en France est toujours l'otage de l'état d'urgence décrété par le gouvernement après les attentats terroristes qui ont fait 130 morts en novembre 2015.
"La peur et le traumatisme que nous avons vécus en 2015, font toujours partie de notre psyché"
, affirme à l'Agence Anadolu Rayan Freschi, militant des droits de l'homme et chercheur français au sein de l'Association britannique de défense des droits (CAGE).
Freschi, qui s'est converti à l'Islam en 2015, explique que cette période
"a été très difficile pour les musulmans"
, notant que
"des changements ont été apportés aux lois, aux politiques, à la justice et à la façon dont ils traitent les musulmans"
, qui sont devenus
Yasser Louati ajoute, pour sa part, que le gouvernement
"a procédé à l'époque à plus de 4 000 rafles, dont la plupart visaient des familles musulmanes".
Il a expliqué que le gouvernement avait
"brutalement agressé" des milliers de familles et des centaines d'entreprises, d'associations caritatives et de restaurants halal, pour leur faire "payer le prix de ces attentats".
Critiquant le gouvernement français, Louati a ajouté:
"De nombreux musulmans sont morts lors de ces attentats terroristes
(de novembre)
, car les terroristes n'ont pas fait de différence entre les musulmans et les non-musulmans, mais le gouvernement et les médias ont établi une distinction entre les victimes".
Les experts estiment que la loi
introduite par le gouvernement en 2021
"fait systématiquement obstacle à la liberté religieuse et aux pratiques musulmanes".
Selon Louati,
"la diabolisation des musulmans continuera à avoir cours tant que la loi contre le séparatisme sera en vigueur".
En juillet 2021, l'Assemblée nationale française (le Parlement) a adopté le projet de loi controversé baptisée
"Loi confortant le respect des principes de la République"
, qui avait été initialement présentée comme un texte de
"lutte contre l'islam séparatiste".
En vertu de cette loi, les personnes reconnues coupables de
encourent une peine pouvant aller jusqu'à 5 ans de prison et une amende pouvant atteindre 75 000 euros, si elles menacent ou agressent un élu ou un fonctionnaire parce qu'elles ne veulent pas se conformer aux règles régissant les services publics français, par exemple en refusant de se soumettre à un examen médical effectué par une femme médecin.
Selon Freschi,
"il est certain que la loi contre le séparatisme a renforcé le sentiment de peur et de terreur qui régnait dans la société".
Il explique que cette loi a entraîné
"la fermeture de mosquées et d'écoles islamiques, le harcèlement d'imams et la fermeture de magasins tenus par des musulmans. Des milliers d'institutions islamiques ont également fait l'objet d'enquêtes de la part de l'État, avec la fermeture forcée de 900 institutions et la confiscation de plus de 55 millions d'euros".
Les informations faisant état du départ de musulmans de France occupent en grande partie les titres des journaux, et Freschi affirme que cette question
"est désormais un phénomène de société".
"L'islamophobie est devenue un véritable facteur de stress, car elle entrave fondamentalement l'aptitude à vivre en tant que citoyens libres"
, explique-t-il. Et de poursuivre:
C'est tellement difficile qu'il faut soit partir, soit résister énergiquement.
Pour sa part, Abdenour Toumi affirme que les cinq dernières années
"ont vu une bonne partie de la jeunesse musulmane diplômée des universités françaises migrer vers les États-Unis et le Canada".
Plusieurs jeunes musulmans français ont récemment décidé de s’installer en Türkiye, en Malaisie, en Indonésie, aux Émirats et au Qatar
"pour y trouver un meilleur cadre de vie et y jouir de la paix"
, explique Toumi.
L'espoir dans la jeunesse
L'espoir que le gouvernement français fasse reculer l'islamophobie est désormais brisé et des lois et des politiques hostiles aux musulmans pourraient être introduites à l'avenir, estiment les experts.
Ceux-ci affirment néanmoins que l'espoir réside dans la jeune génération, de laquelle émergeront des leaders et activistes pour la défense des musulmans.
Rayan Freschi estime que
"les jeunes musulmans qui ont grandi pendant la guerre contre le terrorisme et les guerres en Afghanistan et en Irak saisissent parfaitement ce qu'est l'islamophobie".
Et d'expliquer:
"Ils comprennent tout d'abord que l'islamophobie existe et que l'État la soutient. Ils sont en outre conscients qu'elle doit être combattue systématiquement, ce qui nécessite l'établissement d'une société musulmane indépendante et forte".
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