France / Visite de l’Assemblée : réactions en chaîne islamophobes en raison de la présence de jeunes filles voilées

La rédaction avec
15:436/11/2025, Perşembe
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Présence de jeunes filles voilées à l'Assemblée Nationale française, le 6 novembre 2025.
Crédit Photo : X /
Présence de jeunes filles voilées à l'Assemblée Nationale française, le 6 novembre 2025.

En pleins débats budgétaires à l’Assemblée nationale, une controverse inattendue a éclaté mercredi. Un groupe d’enfants, accompagnés d’adultes, assistait depuis les tribunes aux échanges entre élus et ministres. Mais la présence de quelques fillettes portant le voile a suffi à déclencher une tempête politique.

Le média identitaire Frontières a diffusé une photo de la scène, immédiatement relayée par des figures d’extrême droite.


Le député Julien Odoul (RN) a dénoncé sur la plateforme sociale X basée, une
"infâme provocation"
et demandé :
"Comment peut-on tolérer que des petites filles recouvertes du voile islamique soient présentes dans les tribunes de l’Assemblée nationale, temple de la République française ?"

Invité ensuite sur CNews, il a redoublé de virulence, affirmant qu’il s’agissait d’un
"test grandeur nature"
et d’une
"provocation absolue"
, accusant les
"islamistes"
de
"tester la lâcheté des politiques".

Pourtant, la visite entrait dans le cadre des programmes éducatifs ouverts au public, régulièrement organisés au Palais Bourbon.

La présidente de l’Assemblée sur la même ligne


Deux heures plus tard, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a réagi sur la plateforme sociale X :


Il me paraît inacceptable que de jeunes enfants puissent porter des signes religieux ostensibles dans les tribunes.

Elle a invoqué la
"cohérence républicaine"
et appelé à la
"vigilance pour que cela ne se reproduise pas"
. Cette sortie, saluée par les élus d’extrême droite, a choqué une grande partie de la gauche et de la société civile.

Beaucoup ont dénoncé une réaction
"complaisante vis-à-vis des thèses identitaires"
et rappelé que la présidente avait elle-même arboré un pin’s aux couleurs du drapeau israélien.

Une vague de critiques contre l’instrumentalisation de la laïcité


Le conseiller municipal de Malakoff, Anthony Toueilles, a interpellé directement Braun-Pivet :
"Le port du voile n’est pas interdit dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. Ça dérange moins quand c’est Habib et Goasguen qui se promènent en kippa. C’est ne vraiment rien comprendre à ce qu’est la laïcité. Démission".

"Encore une raciste qui se drape de la laïcité pour mieux cracher sa haine des musulmans",
a pour sa part dénoncé l’avocat Sefen Guez Guez.

Paule Vannier (députée LFI-NFP) a accusé Braun-Pivet d’
"instrumentaliser la laïcité comme l’extrême droite contre nos compatriotes musulmans"
.

Son collègue Aymeric Caron a parlé d’une
"déclaration islamophobe"
, déclarant :

Vous faites honte à l’Assemblée en inventant une règle imaginaire pour vous en prendre à des enfants.

Le député Antoine Léaument a rappelé que
"le port du voile n’est pas interdit à l’Assemblée"
, citant la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, selon l’article 10 :
"Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi".

De nombreux internautes ont également souligné que la loi de 2004 sur la laïcité concerne les écoles publiques, et non les visiteurs de l’Assemblée, accusant la présidente d’
"entretenir la confusion"
.

L’extrême droite durcit le ton


Julien Odoul a répliqué en accusant
"la meute LFI"
de
"relayer l’idéologie islamiste"
.

Le président du RN Jordan Bardella a, lui, appelé sur BFM TV à une
"loi contre les idéologies islamistes"
, affirmant que
"la France n’est pas une terre islamique"
. Il a qualifié le voile d’
"étendard des islamistes"
, ajoutant qu’il n’était
"pas souhaitable dans la société française"
.

Ces propos s’inscrivent dans une rhétorique récurrente de stigmatisation des musulmans et particulièrement des femmes voilées, régulièrement ciblées dans le discours politique français.


Les réactions indignées à gauche


Au sein de La France insoumise, Éric Coquerel a dénoncé le fait que la présidente ait
"donné raison à un média d’ultra-droite"
, tandis que Sarah Legrain a estimé que son message prouvait que
"de jeunes femmes musulmanes ne seraient pas les bienvenues à l’Assemblée nationale"
.

Aly Diouara a ironisé :
"La police du vêtement, vraiment ?"

Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, a aussi rappelé sur RTL que rien dans le règlement de l’Assemblée n’interdit le voile et que, si cela avait été le cas,
"les huissiers ne les auraient tout simplement pas laissées entrer"
. Elle a dénoncé une
"chasse symbolique"
menée contre les musulmanes.

Rappel du contexte légal


Certains responsables, dont le président du Sénat Gérard Larcher, ont invoqué l’article 8 du règlement de l’Assemblée, imposant aux visiteurs d’être
"assis, découverts et en silence"
.

Mais ce texte, ancien et ambigu, ne fait aucune mention explicite des signes religieux et n’a jamais été interprété en ce sens par les services du Palais Bourbon.


Quant à la loi de 2004, elle s’applique uniquement au temps scolaire dans les établissements publics, non aux sorties éducatives ni aux institutions publiques visitées.


Une dérive islamophobe pointée du doigt


Sur les réseaux sociaux, la plupart des réactions ont dénoncé un nouvel épisode d’islamophobie banalisée au sommet de l’État.


Un internaute a résumé :
"Le voile des femmes de ménage n’a jamais posé problème à quiconque en France. Mais dès qu’il s’agit d’avocates, de journalistes ou d’étudiantes, les identitaires s’agitent. Ce qui les horrifie, au fond, c’est la visibilité des musulmanes".

Pour d’autres, le véritable scandale, c’est qu’en 2025, un simple foulard puisse encore être perçu comme un
“danger islamiste”
.

La laïcité n’est plus un principe de liberté, mais une obsession.

Un débat symptomatique


L’affaire révèle une nouvelle fois la fracture profonde qui traverse la société française autour de la laïcité et de la place des musulmans dans l’espace public.


Pour certains, le voile serait une atteinte aux valeurs républicaines ; pour d’autres, sa diabolisation illustre une instrumentalisation politique qui alimente la stigmatisation.


Cette polémique intervient alors que les actes d’islamophobie se multiplient en France.


Selon une enquête Ifop commandée par la Grande Mosquée de Paris, 66 % des musulmans affirment avoir subi des comportements racistes au cours des cinq dernières années, un chiffre qui grimpe à 75 % chez les femmes voilées.

Un constat qui renforce, pour beaucoup, l’idée que la République a encore du mal à accepter la diversité de ses propres citoyens.


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