Gaza: près de 60% des bâtiments endommagés ou détruits

15:597/05/2024, mardi
AFP
Un char de l'armée israélienne prend position dans le sud d'Israël, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 06 mai 2024.
Crédit Photo : MENAHEM KAHANA / AFP
Un char de l'armée israélienne prend position dans le sud d'Israël, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 06 mai 2024.

Depuis le début de la guerre entre Israël et la Palestine il y a sept mois, l'offensive israélienne a causé, outre un lourd bilan humain et une grave crise humanitaire, des destructions d'une ampleur "énorme et sans précédent" dans la bande de Gaza.

La ville de Gaza aux trois quarts détruits


D'après les analyses satellites des chercheurs américains Corey Scher et Jamon Van Den Hoek, au 21 avril, 56,9% des bâtiments de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits, soit 160.000 en tout. Et c'est au cours des deux / trois premiers mois du conflit que les destructions ont été les plus importantes, précise à l'AFP Corey Scher.


L'offensive israélienne a fait jusqu'à présent 34.789 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas dans le territoire palestinien assiégé par Israël. À 70% des femmes et des enfants, précise l'ONU.

Dans le nord, la ville de Gaza, qui comptait 600.000 habitants avant la guerre, n'est que désolation avec près des trois quarts (74,3%) de ses bâtiments touchés.


À la lisière sud du territoire, Rafah -devenue un refuge pour 1,4 million de Palestiniens, habitants et déplacés, selon les derniers chiffres de l'ONU- est pour l'instant la ville la moins détruite (avec 33,9% de bâtiments touchés) mais l'armée israélienne y a déployé des chars mardi et l'a bombardée.


Cinq hôpitaux totalement détruits


Les hôpitaux sont souvent pris pour cible par l'armée israélienne, le plus grand, celui d'Al-Chifa dans la ville de Gaza, a été visé par une opération de l'armée israélienne. L'OMS a indiqué début avril qu'il avait été réduit à une
"coquille vide"
jonchée de dépouilles humaines.

Au cours des six premières semaines de la guerre,
"60% des établissements de santé ont été déclarés endommagés ou détruits"
, détaille à l'AFP l'universitaire Corey Scher.

Aujourd'hui, cinq d'entre eux sont complètement détruits (selon des données OpenStreetMap, du ministère de la Santé du Hamas via l'OCHA, le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU, et de l'UNOSAT, le centre satellitaire des Nations Unies, compilées par l'AFP) et 28% fonctionnent partiellement, selon l'ONU.


Plus de 70% des écoles endommagées


Les bâtiments scolaires, qui servent de refuges aux déplacés, notamment ceux sur lesquels flotte le drapeau bleu de l'ONU, payent également un lourd tribut: l'UNICEF comptabilise, au 25 avril, 408 écoles endommagées (soit au moins 72,5% des 563 établissements qu'il a répertoriés). Parmi elles, 53 ont été totalement détruites et 274 directement touchées.


L'ONU estime que les deux tiers des établissements auront besoin d'une reconstruction complète ou de travaux de réhabilitation importants pour être à nouveau fonctionnels.

Pour les lieux de cultes, en combinant des données de l'UNOSAT et de OpenStreetMap, il ressort que 61,5% des mosquées ont été endommagées ou détruites.


Dresde


Une étude militaire américaine datante de 1954 reprise par le Financial Times indique que le bombardement de Dresde en 1945 avait endommagé 59% des bâtiments de la ville allemande. Un niveau de destruction largement dépassé dans le nord de la bande de Gaza. Et ce n'est que quarante ans plus tard, que la "Frauenkirche", l'église emblème de la ville, a vu sa reconstruction entamée, faute de financement. Le Havre, rasé à 85%, est la ville française la plus touchée à l'époque.


Alors que la guerre en Ukraine se poursuit depuis plus de deux ans, il y avait, fin avril, plus de débris et de gravats à déblayer à Gaza que dans le pays attaqué par la Russie, selon un responsable de l'ONU. L'organisation a estimé début mai entre 30 et 40 milliards de dollars le coût de la reconstruction à Gaza. De plus, elle a affirmé:


L'ampleur de la destruction est énorme et sans précédent.

"Le rythme des destructions enregistrées ne ressemble à rien de ce que nous avons étudié auparavant, il est beaucoup plus rapide et plus important"
, analyse Corey Scher.

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