Gilets jaunes / Jérôme Rodrigues: "je suis considéré comme une personne terrifiante"

19:0820/11/2023, lundi
MAJ: 20/11/2023, lundi
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Crédit photo: STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Crédit photo: STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Jérôme Rodrigues, l'un des leaders du mouvement des gilets jaunes en France, mouvement qui rentre dans sa 5ème année, et qui a perdu un œil pendant les manifestations, a déclaré qu’il est considéré comme une personne terrifiante dans son pays, même s’il n’a rien fait d’autre que de revendiquer ses droits de citoyen.

Les partisans du mouvement des
"gilets jaunes"
continuent de descendre dans la rue de la capitale, Paris, tous les samedis pour faire entendre leur voix.

Les gilets jaunes, qui sont descendus pour la première fois dans la rue le 17 novembre 2018 contre la hausse des carburants et les mauvaises conditions économiques dans le pays, ont continué à manifester contre les politiques socio-économiques du président Emmanuel Macron ainsi que la restriction des libertés, réclamant plus de pouvoir d'achat et de pouvoir politique pour le peuple.


Les violents affrontements entre la police et les manifestants des gilets jaunes, ainsi que les blessures subies par de nombreux manifestants, ont marqué l'histoire récente du pays.


Au fil du temps, les gilets jaunes, dont les revendications se sont diversifiées, ont pris la tête des manifestations de masse organisées en 2021 contre les politiques du gouvernement en matière de lutte contre la pandémie de Covid-19.


Les gilets jaunes ont également participé aux manifestations nationales de cette année contre la réforme des retraites, qui a progressivement fait passer l'âge de la retraite de 62 à 64 ans.


Le mouvement des gilets jaunes, qui a débuté en France, s'est étendu au-delà des frontières à des pays voisins tels que la Belgique et les Pays-Bas.


Des centaines de personnes ont été blessées à la suite des violences policières, de nombreuses personnes ont été éborgnées ou ont perdu les mains, tandis que 11 manifestants ont perdu la vie.

Le déclenchement du mouvement des gilets jaunes


Jérôme Rodrigues, 44 ans, l'une des figures de proue des gilets jaunes, a expliqué à la correspondante d'AA les raisons de l'émergence du mouvement et les revendications des manifestants.


Il a déclaré que l'introduction d'une taxe supplémentaire sur l'essence à un moment où les prix des carburants étaient élevés a déclenché le mouvement et a déclaré:
"Ceux qui vivent en France, qui ont besoin d'une voiture pour aller au travail".

Jérôme Rodrigues a expliqué que les Français avaient perdu la patience et qu'ils étaient en colère face à cette situation.


Ce dernier a rappelé l'initiative de Priscillia Ludosky, l'un des grands noms des gilets jaunes, dont la campagne de signatures est devenue l'une des 5 campagnes avec le plus de signatures dans le monde.


Rodrigues a rappelé qu'avec la loi promulguée sous l'ancien président, Nicolas Sarkozy, il était devenu obligatoire pour les conducteurs d'avoir un gilet jaune dans leur véhicule pour être visible en cas d'accident ou lorsqu'ils ont besoin d'aide.


Précisant que l'idée de porter un gilet jaune a été lancée par un jeune homme dont la vidéo est devenue virale sur les médias sociaux à l'époque, Rodrigues a déclaré que ce jeune homme avait dit,


Ce qui peut nous rapprocher les uns des autres, c'est le gilet jaune que nous avons tous dans nos véhicules.

Rodrigues a rappelé que ceux qui sont contre cette taxe mettent des gilets jaunes sur le tableau de bord de leur véhicule afin de soutenir le mouvement. Et de souligner:


Le mouvement des gilets jaunes n'est pas un mouvement politique.

Expliquant que le gilet jaune représente ceux qui sont en danger et en détresse, Rodrigues a noté que les gens avaient besoin de rendre leur colère visible à ce moment-là et l'ont fait avec des gilets jaunes.


Faisant remarquer que tous les problèmes évoqués par les gilets jaunes à l'époque se sont aggravés aujourd'hui, le militant de la première heure a souligné que cette
"dérive autoritaire"
et ces mesures liberticides dans le pays privent progressivement les Français de leurs libertés.

"La France est un pays qui se dit démocratique et qui donne des leçons aux autres pays sur la démocratie et sur le fait que des manifestations sont gérées de manière violente. Ici, nous faisons pire"
, a-t-il lancé.

En déclarant que les gilets jaunes demandaient à vivre une vie meilleure, à être payés pour leur travail, à pouvoir remplir leur réfrigérateur, Rodrigues a poursuivi,
"Aujourd'hui, en France, nous mettons de l'essence (dans la voiture) pour aller travailler, mais nous travaillons pour payer l'essence que nous achetons".

Rodrigues a déclaré que s'il se rend sur la célèbre rue des Champs-Élysées à Paris le week-end, où d'importantes manifestations du mouvement des gilets jaunes se déroulent, il était possible que la police l'arrête.


Aujourd'hui, je suis une personne terrifiante pour l'État français. C'est complètement exagéré, je ne suis qu'un simple citoyen qui a exercé son droit de parole et son droit de manifester.

"Je n'ai jamais eu recours à la violence, je n'ai jamais agressé personne, mes propos peuvent être perçus comme choquants, mais seule la vérité est choquante"
, a-t-il martelé.

J'ai déjà tout perdu


"J'ai payé un lourd tribut tant physiquement, que dans ma vie personnelle, professionnelle et familiale. J'ai déjà tout perdu, je ne veux pas leur donner plus de matière pour me salir"
, a déclaré Rodrigues.

Ce dernier, qui a perdu un œil il y a cinq ans lors des manifestations des gilets jaunes à Paris, a déclaré,
"je suis devenu un symbole de la violence policière dans le mouvement des gilets jaunes. Il est de ma responsabilité de dire qu'une trentaine de personnes ont perdu un œil (lors des manifestations)".

Il a surtout souligné qu’à ce jour, personne n’a été inquiété ou condamné pour les blessures infligées aux manifestants.


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