Soudan: 25 morts dans des raids de l'armée sur le Darfour

12:105/02/2025, بدھ
AFP
Des personnes déplacées par la guerre au Soudan attendent de monter dans des bus qui les ramènent dans leur ville de Wad Madani, dans l'État de Jazira, après sa reprise par l'armée soudanaise aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF), dans la ville orientale de Gedaref, le 3 février 2025.
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Des personnes déplacées par la guerre au Soudan attendent de monter dans des bus qui les ramènent dans leur ville de Wad Madani, dans l'État de Jazira, après sa reprise par l'armée soudanaise aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF), dans la ville orientale de Gedaref, le 3 février 2025.

Vingt-cinq personnes ont été tuées mardi dans des frappes aériennes de l'armée sur le Darfour-Sud, une région de l'ouest du Soudan essentiellement contrôlée par les forces paramilitaires, selon des sources médicales qui font état d'une escalade de la violence à travers le pays.

Les raids ont ciblé pour le deuxième jour consécutif Nyala, la capitale du Darfour-Sud, contrôlée par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l'armée depuis avril 2023, selon une source médicale qui a requis l'anonymat.


Des témoins ont également rapporté des frappes aériennes de l'armée à Nyala, située à 1 200 km de Khartoum.


Les combats entre l'armée et les FSR, qui ont fait des dizaines de milliers de morts et plus de 12 millions de déplacés à travers le pays, se sont intensifiés ces dernières semaines avec l'offensive de l'armée pour reprendre le contrôle du centre du Soudan et de la capitale Khartoum.

Alors que l'armée contrôle l'est et le nord du pays, les paramilitaires maintiennent leur emprise sur la quasi-totalité du Darfour, une région de la taille de la France qui abrite un quart des 50 millions d'habitants du Soudan.


Cependant, une seule grande ville du Darfour échappe encore aux paramilitaires : El-Facher, la capitale du Darfour-Nord, qu'ils ont frappée une nouvelle fois.
"Des obus sont tombés sur le marché aux bestiaux",
a déclaré mardi un témoin à l'AFP.

Les civils paient un lourd tribut, les paramilitaires bombardant régulièrement les camps de déplacés autour de la ville, où la famine sévit.


Bombardement d'un hôpital


Au Darfour-Nord, environ deux millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire extrême, tandis que 320 000 sont déjà en situation de famine, selon les estimations de l'ONU.


"L'utilisation de la famine comme arme de guerre contre des innocents à El-Facher est effroyable",
a dénoncé mardi Clémentine Nkweta-Salami, coordinatrice humanitaire des Nations unies au Soudan.

Dans le centre du pays, les FSR se sont retirées d'une grande partie de l'État d'Al-Jazira face à la récente avancée de l'armée, mais ont lancé des attaques meurtrières sur Khartoum, où l'armée a repris des bases stratégiques, y compris son quartier général, qui était assiégé par les paramilitaires.

Ces derniers sont désormais repoussés aux marges de la capitale.


Mardi, cinq personnes ont été tuées par des bombardements des FSR devant l'un des derniers hôpitaux encore en service à Omdourman, ville voisine de Khartoum.


Une source à l'hôpital Al-Nao d'Omdourman, qui a requis l'anonymat, a indiqué que des bénévoles travaillant pour l'établissement figuraient parmi les cinq victimes.


Selon cette source, les paramilitaires des FSR, en guerre contre l'armée régulière depuis avril 2023, ont tiré des obus qui
"ont atterri dans le jardin adjacent au bâtiment de l'hôpital".

L'hôpital Al-Nao, soutenu par l'ONG Médecins sans frontières (MSF), se trouve dans une zone contrôlée par l'armée et a déjà été attaqué à plusieurs reprises par les paramilitaires, selon des sources médicales.


"Nettoyer les montagnes"


Parallèlement à l'escalade des violences entre l'armée et les FSR, une force rebelle basée dans le sud du Soudan a accusé l'armée d'avoir attaqué lundi ses positions dans le Kordofan-Sud, en tentant d'avancer dans la région, au lendemain de bombardements meurtriers imputés au groupe par les autorités.


Le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLM-N), dirigé par Abdel Aziz al-Hilu, contrôle des parties de l'État méridional du Kordofan-Sud, où ces violences ont éclaté.

Le SPLM-N a affirmé dans un communiqué que l'armée avait bombardé lundi matin des zones sous son contrôle autour de Kadugli, la capitale du Kordofan-Sud. L'armée n'a pas fait de déclaration à ce sujet.


Le gouverneur du Kordofan-Sud, Mohamed Ibrahim, avait accusé lundi le SPLM-N d'avoir bombardé un marché de la capitale provinciale, faisant, selon deux sources médicales, 40 morts et 70 blessés.

Il a promis de
"nettoyer les montagnes autour de Kadugli"
des forces du SPLM-N.

Kadugli est sous le contrôle de l'armée, mais les rebelles occupent les montagnes environnantes ainsi que les zones rurales alentour.


Le SPLM-N, implanté au Kordofan-Sud et dans l'État du Nil Bleu voisin, combat à la fois l'armée et les paramilitaires depuis le début de la guerre.

La guerre au Soudan a fait, depuis avril 2023, des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de 12 millions de personnes et provoqué la
"plus grande crise humanitaire jamais enregistrée",
selon le Comité international de secours (IRC).

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