Selon le quotidien israélien Haaretz, une entité dirigée par des Israéliens se trouve derrière les vols mystérieux permettant à des Palestiniens de la bande de Gaza de quitter le territoire via l’aéroport de Ramon, dans le sud d’Israël.
Jeudi, l’Afrique du Sud a accordé une exemption de visa de 90 jours à 153 Palestiniens arrivés du Kenya pour demander l’asile, après leur avoir d’abord refusé l’entrée faute de documents de voyage et de tampons de sortie usuels.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a indiqué que les services de renseignement enquêtaient sur l’entité responsable de l’avion affrété qui a atterri à Johannesburg avec des dizaines de Palestiniens dépourvus de papiers officiels.
D’après Haaretz, une association dirigée par Tomer Janar Lind, détenteur de la double nationalité israélo-estonienne, vend des places à des Palestiniens de Gaza sur des vols charters à destination de pays lointains comme l’Indonésie, la Malaisie ou l’Afrique du Sud, moyennant environ 2 000 dollars.
Le site de l’association affirme qu’elle a été fondée en Allemagne et dispose de bureaux à Jérusalem-Est, mais l’enquête du journal révèle qu’elle est enregistrée en Estonie et opère via une société-écran de conseil. Haaretz ajoute que le Bureau de l’émigration volontaire du ministère israélien de la Défense a orienté ses activités vers l’organisme militaire COGAT pour coordonner les départs depuis Gaza.
Tomer Janar Lind n’a pas nié son rôle mais refuse de donner davantage de détails.
Selon le journal, plusieurs vols affrétés par cette entité ont décollé ces derniers mois de l’aéroport de Ramon, transportant des groupes de Gazaouis. Cela suggère un dispositif presque systématique, et non des départs isolés. L’un de ces vols, opéré par une compagnie roumaine, a embarqué 57 Palestiniens vers Budapest avant de poursuivre vers l’Indonésie et la Malaisie.
Parallèlement, Yedioth Ahronoth rapporte qu’une organisation appelée « Al-Majd », basée à Jérusalem, aurait facilité le départ de plus de 150 Palestiniens. Fondée en 2010, elle affirme relocaliser les habitants de Gaza sous couvert « d’assistance » et se présente comme aidant les communautés musulmanes dans les zones de conflit. Toutefois, les coordonnées figurant sur son site semblent inexactes et les numéros de téléphone inactifs.
Le journal cite également un responsable militaire israélien selon lequel Israël a escorté les bus transportant les Palestiniens depuis un point de rassemblement à Gaza jusqu’au passage de Kerem Shalom, avant qu’ils ne soient transférés vers l’aéroport de Ramon.
Cette opacité suscite l’inquiétude d’organisations de défense des droits humains, qui redoutent qu’il s’agisse d’un mécanisme visant à organiser le déplacement des Palestiniens hors de Gaza.
Le chef du COGAT, Ghassan Alian, affirme pour sa part que ces départs ont eu lieu après qu’Israël a obtenu l’accord d’un « pays tiers » prêt à les accueillir, sans le nommer. Israël aurait auparavant discuté avec plusieurs États, dont le Soudan du Sud, pour envisager la relocalisation de Palestiniens.
Toujours selon Yedioth Ahronoth, près de 40 000 Palestiniens ont quitté la bande de Gaza depuis le début de la guerre.
Depuis octobre 2023, plus de 69 000 Palestiniens ont été tués et plus de 170 700 blessés dans la campagne militaire israélienne menée contre Gaza.
