Les Kényans prévoient une nouvelle manifestation malgré le retrait par le président William Ruto du projet de budget controversé, suite à des protestations violentes ayant fait plusieurs morts.
Les Kényans se préparent à descendre dans la rue jeudi pour une marche blanche au lendemain de l'annonce par le président William Ruto du retrait du projet de budget prévoyant des hausses d'impôts, à l'origine d'une contestation qui a sombré dans une violence meurtrière.
Ce mouvement de contestation inédit mené par la jeunesse, qui a gagné le pays en moins de deux semaines et a pris de court le pouvoir, a émergé peu après la présentation au Parlement le 13 juin du budget 2024-2025, prévoyant notamment une TVA de 16% sur le pain et une taxe annuelle de 2,5% sur les véhicules particuliers.
Selon plusieurs ONG, la police a tiré à balles réelles pour tenter de contenir la foule qui a forcé les barrages de sécurité pour pénétrer dans le complexe, une attaque inédite dans l'histoire du pays indépendant depuis 1963.
"Trop tardif"
Nous allons marcher pour un meilleur avenir au Kenya.
Endettement
Près du Parlement, la chaussée portait encore des traces de sang mercredi tandis que flottait une odeur de gaz lacrymogène.
Des défenseurs des droits de l'Homme ont par ailleurs accusé les autorités d'enlèvements de manifestants. La police n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP sur le sujet.
Le gouvernement, qui avait fait valoir que les taxes étaient nécessaires pour redonner une marge de manœuvre au pays lourdement endetté, avait annoncé le 18 juin retirer la plupart des mesures. Mais les manifestants demandaient le retrait intégral du texte.
La dette publique du pays s'élève à environ 10.000 milliards de shillings (71 milliards d'euros), soit environ 70% du PIB. Le budget 2024-25 prévoyait sur 4.000 milliards de shillings (29 milliards d'euros) de dépenses, un record.
Le Kenya, l'une des économies les plus dynamiques d'Afrique de l'Est, a enregistré en mai une inflation de 5,1% sur un an, avec une hausse des prix des produits alimentaires et des carburants respectivement de 6,2% et 7,8%, selon la Banque centrale.