La Centrafrique vote sur un projet de nouvelle Constitution

La rédaction
12:0030/07/2023, dimanche
MAJ: 30/07/2023, dimanche
AFP
Crédit Photo: Barbara DEBOUT / AFP
Crédit Photo: Barbara DEBOUT / AFP

Les Centrafricains ont commencé à voter dimanche matin sur un  projet de nouvelle Constitution qui permettrait au président Faustin Archange Touadéra de briguer un troisième mandat dans un pays dévasté par plusieurs coups d'Etat.

Elu en 2016, M. Touadéra a été réélu en 2020 à l'issue d'un scrutin perturbé par des groupes armés rebelles et entaché d'accusations de fraude. 


Le chef de l'Etat, qui est âgé de 66 ans, est désormais accusé par ses adversaires de vouloir rester
"président à vie"
d'un des pays les plus pauvres de la planète, le tout sous la protection des mercenaires de la société de sécurité privée russe Wagner déployés dans le pays depuis 2018. 

Le président de la République centrafricaine, Faustin Archange Touadera (à droite), se trouvant au lycée Boganda de Bangui, pour voter, le 30 juillet 2023.

Les bureaux de vote fermeront à 16H00 (17H00 GMT), pour environ 1,9 million d'électeurs. Les résultats provisoires doivent être publiés sous huit jours, et la Cour constitutionnelle proclamera les résultats définitifs le 27 août, selon l'autorité nationale des élections (ANE). 


Appels au boycott 


L'affluence était faible à l'ouverture du bureau de vote du Lycée Barthélémy Boganda, situé à Bangui, la capitale. 


Les électeurs sont invités à choisir entre un bulletin blanc pour le "oui" et "rouge" pour le non.


Le projet de nouvelle Constitution prévoit d'allonger notamment la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans, et supprime la limite de mandat. 

Aucune enquête d'opinion crédible ne permet de prédire l'issue du vote, mais la victoire du "oui" fait peu de doute. 


"Nous savons que le oui va l’emporter, mais nous mettons l’accent sur la participation",
a déclaré Evariste Ngamana, vice-président de l’Assemblée nationale et porte-parole de la majorité présidentielle.

Les principaux partis d’opposition et organisations de la société civile, ainsi que les groupes armés rebelles, ont appelé à boycotter le scrutin.

L’opposition dénonce notamment l’absence de fichier électoral à jour et le manque d’indépendance des institutions chargées de garantir la régularité des résultats.


"La majorité de la population centrafricaine, qui peine à survivre dans un contexte économique et sécuritaire difficile, a sans doute d’autres priorités que ce référendum qui mobilise peu en dehors des cercles du pouvoir",
estime Charles Bouessel, analyste pour l'International Crisis Group. 

Influence russe


M. Touadéra a annoncé que la Russie et le Rwanda, deux Etats dont l’influence s’est considérablement accrue depuis quelques années en Centrafrique, allaient
"appuyer"
la sécurisation du scrutin.

Un organe lié au groupe Wagner a assuré en juillet que plusieurs centaines de ses combattants étaient arrivés sur le territoire pour assurer cette mission. 


"C’est un scrutin poussé par les Russes et organisé avec leur aide, le président de la Cour constitutionnelle et celui de l'Autorité nationale des élections ont été invités en Russie où on se doute bien qu’ils ont reçu des instructions",
assure une source diplomatique.

Selon Human Rights Watch (HRW), des responsables de l'ambassade de Russie en Centrafrique ont rendu visite à l'ancienne présidente de la Cour constitutionnelle pour demander des conseils sur la manière de modifier la Constitution. 

En septembre 2022, la Cour constitutionnelle avait infligé un revers juridique au pouvoir en annulant la mise en place d’un Comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution.


Le pouvoir avait ensuite mis la présidente de cette cour, Mme Darlan, à la retraite d'office en janvier 2023.


Des responsables gouvernementaux centrafricains ont menacé et harcelé des adversaires du référendum, d'après HRW, et les autorités ont interdit une manifestation de l’opposition dans la capitale.


Des centaines de mercenaires de Wagner ainsi que des soldats rwandais ont été déployés en décembre 2020 pour sauver le régime de Bangui d'une offensive menée par une alliance des plus puissants groupes rebelles, qu'ils ont repoussés dans les zones rurales.


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