Crédit Photo : FABRICE COFFRINI / AFP
Le président de l'Argentine, Javier Milei lors de son intervention à la réunion du Forum économique mondial (WEF) à Davos, en Suisse, le 17 janvier 2024.
Pour sa première sortie sur la scène internationale, le nouveau président argentin Javier Milei, auto-proclamé "anarcho-capitaliste", a lancé mercredi dans un discours à Davos une virulente défense d'un capitalisme déchaîné, affirmant que "le monde occidental" était menacé par le "socialisme".
S'il n'a pas rencontré son homologue français Emmanuel Macron, qui intervenait une heure après lui à la tribune, il a profité du déplacement pour une bilatérale avec la patronne du FMI et une discussion sur les Malouines avec le ministre des Affaires étrangères britannique.
Et il s'est prêté au jeu de quelques selfies dans les couloirs du centre des congrès.
Dans son discours, combatif et émaillé de références empruntées à l'extrême-droite, Javier Milei a présenté le capitalisme,
"attaqué par la doxa gauchiste"
, comme
"le seul système économique capable d'en finir avec la famine et la pauvreté".
"Les principaux dirigeants du monde occidental ont malheureusement abandonné ces dernières années l'idée de liberté au profit de différentes versions de ce que nous appelons collectivisme"
- des idées qui
"mènent inexorablement au socialisme et donc à la pauvreté",
a-t-il clamé à la tribune.
Il s'adressait au Forum économique mondial après le lancement d'une série de réformes et de mesures de dérégulation drastiques dans la foulée de sa victoire électorale le mois dernier, alors que l'Argentine connaît une inflation spectaculaire, de plus de 200% en 2023.
Milei a notamment dévalué le peso de plus de 50%, mis fin à l'encadrement des prix, divisé par deux le nombre de ministères, et lancé un programme d'économies agressif.
Javier Milei, qui a été comparé à l'ancien président américain Donald Trump pour ses positions et son style sans filtre, n'a pas hésité à dénoncer le
"féminisme radical", la "justice sociale"
, ou
"l'agenda sanglant de l'avortement"
, des
"idées nocives qui se sont installés dans nos sociétés".
Son discours était d'autant plus scruté que sa personnalité intrigue et sa vision étrangère interroge, entre
claironnées et pragmatisme.
Il a affiché pour l'Argentine son
"modèle basé sur les principes fondamentaux du libertarianisme: la défense de la vie, de la liberté et de la propriété".
Et de lancer aux hommes d'affaires et entrepreneurs:
"ne soyez pas intimidés par des parasites qui vivent uniquement de l'État"
,
"ne capitulez pas à l'avancée de l'État, qui n'est pas une solution mais le problème."
et
"vous pouvez compter sur l'Argentine comme votre inconditionnel allié"
, a-t-il encore déclaré, avant de conclure son discours par son habituel:
Vive la liberté, bordel !
Sur X, Elon Musk a approuvé par un message
une vidéo du discours, au milieu d'une série de message de soutien de figures de l'extrême-droite américaine.
"Planter l'idée de la liberté"
Nombre des positions du président argentin sont en contradiction complète avec celles défendues par le Forum économique mondial. Javier Milei considère par exemple que l'humain n'est pas responsable du changement climatique.
L'introduisant sur scène, le fondateur du Forum économique mondial, Klaus Schwab, a toutefois parlé d'une
"personne extraordinaire"
et de réformes ayant donné
"un nouveau souffle à l'Argentine", "même si parfois certains parleront de méthodes radicales".
Après son discours, Javier Milei a expliqué à des journalistes:
Je suis venu pour planter l'idée de la liberté.
L'économiste ultra-libéral de 53 ans assure avoir reçu plus de 60 demandes d'entretien en tête-à-tête.
Il a finalement eu une discussion avec Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), auquel l'Argentine doit 44 milliards de dollars.
Une rencontre qualifiée auprès de l'AFP
par le chef d'État, qui assure que lui et Mme Georgieva
"continueront à travailler ensemble".
La patronne du FMI a parlé de son côté d'une
entrevue et souligné sur X les
prises par l'Argentine pour notamment
Le président argentin a également rencontré le chef de la diplomatie britannique David Cameron pour évoquer les îles Malouines, au cœur d'un différend avec le Royaume-Uni sur la souveraineté.
Les deux dirigeants ont aussi parlé
"d'approfondir les liens commerciaux"
, selon M. Milei.
Milei, sa cheffe de diplomatie Diana Mondino et son ministre de l'Économie, Luis Caputo, sont arrivés en Suisse dans un avion de ligne - un choix présenté comme un reflet de ses efforts d'austérité.
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