Liberté d’expression en danger: le Conseil de l’Europe alerte l’Allemagne sur la répression des manifestations pro-Gaza

17:4018/10/2025, samedi
Yeni Şafak
Le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Michael O’Flaherty, avocat irlandais spécialiste des droits de l'homme.
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Le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Michael O’Flaherty, avocat irlandais spécialiste des droits de l'homme.

Strasbourg, 6 juin 2025 – Le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Michael O’Flaherty, a adressé une lettre officielle au ministre fédéral de l’Intérieur allemand, Alexander Dobrindt, exprimant sa vive inquiétude face aux restrictions imposées aux manifestations en soutien à Gaza et à la limitation croissante de la liberté d’expression en Allemagne.

Des restrictions ciblant les protestations pro-Gaza


Selon le Commissaire, depuis février 2025, les autorités de Berlin auraient restreint l’usage de la langue arabe et de symboles culturels lors des rassemblements liés au conflit à Gaza.
Certaines marches auraient été limitées à des rassemblements statiques, tandis que des participants, y compris des mineurs, auraient subi une surveillance intrusive et des contrôles policiers arbitraires.
Des cas de recours excessif à la force auraient également été signalés.

Michael O’Flaherty rappelle que la liberté de réunion pacifique, garantie par la Convention européenne des droits de l’homme, doit être protégée même lorsque les opinions exprimées
"dérangent ou offensent ceux qui s’y opposent".
Il cite les lignes directrices de la Commission de Venise et de l’OSCE, soulignant que les restrictions fondées sur le contenu d’une manifestation doivent être examinées avec la plus grande rigueur.

La liberté d’expression menacée au nom de la lutte contre l’antisémitisme


Le Commissaire critique également l’usage abusif de la lutte contre l’antisémitisme pour justifier la répression des opinions politiques.
Il observe que certaines autorités allemandes ont interprété de manière trop large la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), conduisant à qualifier de
"discours haineux"
toute critique de la politique israélienne.

"La définition de l’IHRA ne doit pas être détournée, instrumentalisée ou mal appliquée pour étouffer la liberté d’expression et la critique légitime, y compris celle de l’État d’Israël",
écrit-il.

Un appel à la vigilance démocratique


Dans sa conclusion, O’Flaherty rappelle que les États membres ont l’obligation non seulement de s’abstenir d’ingérences injustifiées dans les droits fondamentaux, mais aussi de garantir leur exercice effectif pour tous, sans discrimination fondée sur l’origine, la religion ou les opinions politiques.
Il appelle Berlin à rétablir un climat de respect des libertés publiques et à assurer des enquêtes efficaces sur les abus policiers présumés.

Une inquiétude européenne plus large


Cette lettre s’inscrit dans un contexte européen où de nombreux défenseurs des droits humains dénoncent l’utilisation croissante de l’accusation d’antisémitisme pour restreindre le débat public sur la situation en Palestine. Pour le Commissaire, il s’agit d’un glissement dangereux : la défense nécessaire contre la haine ne doit jamais servir de prétexte à la censure.


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