Une entreprise française va livrer des composants à un fabricant de drones israéliens

09:2818/10/2025, Cumartesi
MAJ: 18/10/2025, Cumartesi
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Crédit Photo: AA
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Un lot de composants électromécaniques fabriqués en France doit être livré lundi 20 octobre à la société israélienne Elbit Systems, acteur clé de l’armement de Tsahal. C’est ce que révèle une nouvelle enquête publiée ce mardi par le média d’investigation Disclose.

À travers des documents internes et des données d’expédition, Disclose indique que le transporteur UPS a pris en charge mercredi 15 octobre huit colis contenant des alternateurs produits par l’entreprise française Sermat, spécialisée dans les équipements destinés à l’aéronautique, à l’armement et à l’espace. Ces générateurs doivent équiper des drones Hermes 900, déployés massivement par l’armée israélienne dans la bande de Gaza. La livraison est prévue pour le 20 octobre à Karmiel, dans le nord d’Israël.


Il s’agit, selon Disclose, du quatrième contrat documenté entre une entreprise française et un fournisseur militaire israélien depuis le début du conflit en octobre 2023. Outre les alternateurs, Sermat a également expédié 171 actionneurs à Elbit Systems, utilisés pour le pilotage et la stabilisation des drones. Ces exportations, dont plus des trois quarts ont été réalisées par avion depuis 2024, représentent un montant total de 843 300 euros.


Ces pièces peuvent être intégrées aux drones Hermes 900 mais aussi Hermes 450, impliqués dans plusieurs frappes controversées à Gaza, notamment celle du 15 mars 2024 contre un convoi humanitaire, et celle du 1er avril qui a coûté la vie à sept membres de l’ONG World Central Kitchen, selon le quotidien israélien Haaretz.


Disclose souligne que ces composants ne sont pas classés comme matériel militaire ni comme biens à double usage par les autorités françaises. En conséquence, aucune licence d’exportation n’est requise. Un classement validé par Bercy dès 2012, malgré l’avis contraire des douanes. À ce jour, ni le ministère de l’Économie ni celui des Armées n’a donné suite aux sollicitations du média.


Ces nouvelles révélations contredisent les déclarations du Premier ministre Sébastien Lecornu, qui affirmait encore le 14 octobre à l’Assemblée nationale qu’
"aucune arme française n’est allée à la destination de Tsahal".

Si les équipements ne sont pas officiellement des armes, leur usage opérationnel par l’armée israélienne dans un contexte de violations documentées du droit international pose la question de la responsabilité indirecte de la France.


Contrairement à d’autres pays européens comme l’Espagne, les Pays-Bas ou la Belgique, qui ont suspendu tout ou partie de leurs exportations vers Israël, la France n’a jamais interrompu ses livraisons.
En 2024, elle a officiellement exporté pour 27,1 millions d’euros d’équipements militaires vers Israël, auxquels s’ajoutent 74 millions d’euros de biens à double usage.

L’association JURDI (Juristes pour le respect du droit international) a saisi le Conseil d’État au printemps, dénonçant un
"excès de pouvoir"
de la part du gouvernement. Elle réclame une astreinte financière contre l’État pour son inaction face au risque de génocide, reconnu par la Cour internationale de Justice depuis janvier 2024.

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