L'Indonésie mise sur son usine de batteries pour devenir un "acteur important" des véhicules électriques

10:1728/10/2024, Pazartesi
AFP
Des cellules de batterie placées pour expédition dans l'usine de fabrication de batteries de PT HLI Green Power, le premier fabricant indonésien de cellules de batteries pour véhicules électriques, à Karawang, dans l'ouest de Java en Indonésie.
Crédit Photo : Yasuyoshi CHIBA / AFP
Des cellules de batterie placées pour expédition dans l'usine de fabrication de batteries de PT HLI Green Power, le premier fabricant indonésien de cellules de batteries pour véhicules électriques, à Karawang, dans l'ouest de Java en Indonésie.

Plus grande productrice de nickel au monde, l'Indonésie souhaite mettre à profit ses ressources naturelles pour la conception de batteries de véhicules électriques: l'archipel a inauguré sa première usine cet été et compte bien devenir un "acteur mondial important" dans la chaîne d'approvisionnement.

Dans la ville de Karawang, à l'est de la capitale Jakarta, des rangées de bras robotisés s'activent pour assembler avec précision des cellules de batteries qui équiperont notamment les modèles de SUV légers Kona de Hyundai.


Le constructeur automobile sud-coréen s'est associé avec son compatriote LG Energy Solution (LGES), spécialisé dans la production de batteries au lithium, au sein d'une coentreprise pour faire naître cette usine d'une valeur de 1,1 milliard de dollars.

"Plus grande usine (de batteries) d'Asie du Sud-Est"
, selon l'ex-président indonésien Joko Widodo,
"PT. HLI Green Power"
peut produire jusqu'à 10 gigawattheures (GWh) de cellules de batterie chaque année, capacité qui doit être portée à 20 GWh. Lors de son inauguration en juillet, le chef d'État avait déclaré que de tels investissements feraient de la plus grande économie d'Asie du Sud-Est un
"acteur mondial important"
dans la chaîne d'approvisionnement des véhicules électriques.
"Nous disposons de ressources naturelles abondantes, mais pendant des décennies nous les avons exportées uniquement sous forme de matières premières sans valeur ajoutée"
, avait-il souligné.

En vertu d'une réglementation dévoilée l'année dernière, les constructeurs sont par exemple exemptés de droits de douane jusqu'en 2025 s'ils s'engagent à produire autant de véhicules électriques dans le pays qu'ils en importent d'ici fin 2027.

Attirer les constructeurs


En juillet, le président de Hyundai Motor, Chung Eui-sun, avait déclaré que l'Indonésie était
"le plus grand marché automobile d'Asie du Sud-Est"
et que
"les véhicules qui sont produits et vendus ici sont la norme pour une région de 700 millions de clients potentiels"
.

"Nous voyons un énorme potentiel d'achat de véhicules électriques en Indonésie par rapport à d'autres pays d'Asie"
, a déclaré Luther Panjaitan, responsable des relations publiques pour le constructeur chinois BYD en Indonésie.

Le mois dernier, le constructeur automobile chinois Wuling a lui aussi annoncé son intention de produire des batteries pour véhicules électriques dans son usine indonésienne d'ici à la fin de 2024, ont rapporté les médias locaux. La clé de la stratégie de Jakarta a été d'attirer les constructeurs automobiles avant qu'ils n'établissent des usines ailleurs, a déclaré Rachmat Kaimuddin, qui était fonctionnaire de l'administration de l'ex-président Prabowo Subianto.

Selon lui, les réserves de nickel, dont le Vietnam ou la Thaïlande
"ne disposent pas"
,
"permettent de créer une industrie des batteries en Indonésie"
. Mais si le pays peut se targuer de ses ressources naturelles, les experts soulignent néanmoins qu'il dispose encore de faibles capacités de traitement et de raffinage.

Elle s'est notamment vue contrainte d'importer des matériaux pour son usine de Karawang, y compris du nickel déjà traité en provenance de Corée du Sud ou de Chine, en raison de son manque d'industries connexes, a déclaré Hong Woo-pyoung, directeur de PT HLI Green Power.


Investissements faibles


Le secteur en plein essor est aussi confronté au défi des investissements, relativement faibles. Entre 2020 et 2024, ils étaient de près de 515.000 milliards de roupies indonésiennes (presque 30,5 milliards d'euros) pour le nickel et de 1.914 milliards (un peu plus de 113 millions d'euros) pour les véhicules électriques.

Les défenseurs de l'environnement mettent en garde contre le rôle que joue l'extraction du nickel dans la déforestation en Indonésie, tandis que les analystes estiment que la montée en puissance des batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins chères et largement adoptées en Chine, pourrait nuire à la demande.


Selon Putra Adhiguna, directeur général du groupe de réflexion Energy Shift Institute, une offre excédentaire de batteries au niveau mondial pourrait empêcher l'Indonésie d'attirer davantage d'investissements. Le directeur de l'usine de Karawang, M. Hong, ne se fait cependant pas de soucis pour l'avenir.


"L'Indonésie se développe avec une croissance d'environ 5% par an. Le marché de l'automobile se développera également"
, affirme-t-il.

Plus de 23.000 véhicules électriques ont été livrés aux concessionnaires entre janvier et août de cette année, contre 17.000 pour l'ensemble de l'année 2023, selon les données de l'Association indonésienne de l'automobile.

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