Les émissions de méthane causées par les activités d'extraction de charbon en Indonésie, premier exportateur mondial de charbon thermique, sont largement sous-estimées en raison de méthodes de mesure obsolètes et inexactes, estime le groupe de réflexion Ember dans un rapport publié mardi.
Selon ce groupe de réflexion sur le climat et l'énergie basé à Londres, la pollution au méthane des mines de charbon (CCM) en Indonésie est jusqu'à huit fois supérieure aux chiffres officiels.
Après le dioxyde de carbone (CO2), le méthane qui s'échappe notamment des gazoducs, des puits de gaz ou des mines de charbon, est le deuxième gaz à effet de serre, ayant contribué au réchauffement climatique, selon le Programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP).
Par conséquent, l'Indonésie pourrait mettre en péril sa réputation internationale car elle s'est engagée à réduire considérablement le méthane à l'échelle mondiale
Sollicité par l'AFP, le ministère indonésien de l'Energie et des Ressources minérales n'a pas répondu dans l'immédiat.
L'Indonésie est le troisième producteur mondial de charbon après la Chine et l'Inde et le plus grand exportateur mondial de charbon thermique.
Selon des chiffres du ministère indonésien de l'Énergie, en 2023, l'archipel a produit 775 millions de tonnes de charbon, un record absolu pour le pays, avec plus de 500 millions de tonnes exportées.
L'Indonésie est signataire du Pacte mondial sur le méthane (GMP), un accord visant à réduire les émissions mondiales de méthane de 30% par rapport aux niveaux de 2020 d'ici à 2030.
Mais selon Ember, le pays pourrait potentiellement émettre plus de 1.000 kilotonnes de méthane provenant de ses activités d'extraction de charbon en 2024.
Selon le rapport, l'Indonésie utilise des méthodes dépassées et néglige également de déclarer le CCM provenant des activités d'extraction souterraine de charbon, qui libèrent des quantités encore plus importantes de méthane que l'exploitation à ciel ouvert.
Contacté par l'AFP, Hendra Sinadia, directeur exécutif de l'Association indonésienne des mines de charbon (APBI), a déclaré que la faiblesse des données pourrait être due au manque de normes dans les méthodes de mesure.