L'ordre mondial d'après-guerre "au bord de la rupture", selon Amnesty International

La rédaction
10:0524/04/2024, mercredi
AFP
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La secrétaire générale d'Amnesty International, Agnès Callamard.
Crédit Photo : JUSTIN TALLIS / AFP
La secrétaire générale d'Amnesty International, Agnès Callamard.

L'ordre mondial bâti après 1945 est "au bord de la rupture", alerte la secrétaire générale d'Amnesty International, ONG qui publie mercredi son rapport annuel sur les droits humains, en critiquant en particulier Israël et les États-Unis d'un côté, la Russie et la Chine de l'autre. 

Du Proche-Orient à l'Ukraine en passant par la Birmanie, le Soudan ou l'Ethiopie, où ont lieu des conflits accompagnés de violations massives des droits humains,
"tout ce à quoi nous avons assisté au cours des 12 derniers mois montre que le système international est au bord de la rupture",
estime Agnès Callamard auprès de l'AFP. Et de déclarer:

Ces six derniers mois en particulier, les États-Unis ont protégé les autorités israéliennes de tout examen minutieux des multiples violations commises à Gaza.

"En utilisant leur veto contre un cessez-le-feu indispensable, ils ont vidé de son sens le Conseil de sécurité (des Nations Unies)",
accuse la secrétaire générale de l'ONG basée à Londres.

D'autant qu'en parallèle,
"de puissants acteurs"
tels que la Russie et la Chine "
affichent leur volonté de mettre en péril l'intégralité des règles de 1948",
année charnière dans la construction du système international actuel, indique-t-elle dans ce rapport.

Il documente
"les violations flagrantes de la part des forces russes lors de leur invasion à grande échelle de l'Ukraine, et l'usage de la torture et d'autres mauvais traitements envers des prisonniers de guerre".

En
"protégeant l'armée birmane"
en fermant les yeux sur des attaques contre la population en pleine guerre civile, la Chine a également agi à l'encontre du droit international, pointe l'ONG.

Israël a mené une offensive brutale contre la bande de Gaza depuis l'attaque transfrontalière du groupe palestinien Hamas, le 7 octobre 2023, qui, selon Tel Aviv, aurait tué près de 1 200 personnes.


Depuis cette date, au moins 34 151 Palestiniens ont été tués, dont la plupart sont des femmes et des enfants, et 77 000 autres ont été blessés dans un contexte d'énormes destructions et de graves pénuries de produits de première nécessité.

La guerre israélienne a contraint 85 % de la population de Gaza au déplacement interne à cause des graves pénuries de nourriture, d'eau potable et de médicaments, alors que 60 % des infrastructures de l'enclave ont été soit endommagées, soit détruites, selon l'ONU.


Israël est accusé de génocide devant la Cour internationale de Justice. Une décision provisoire, rendue en janvier dernier, a ordonné à Tel-Aviv de mettre fin aux actes génocidaires et de prendre des mesures pour garantir que l'aide humanitaire soit fournie aux civils de Gaza.


Le rapport d'Amnesty dénonce
"les crimes monstrueux perpétrés par le Hamas le 7 octobre",
après quoi
"Israël s'est lancé dans une campagne de représailles qui s'est muée en une expédition punitive contre toute une population". 

"Réformer le Conseil de sécurité"


Après 200 jours de ce conflit aux répercussions mondiales, Mme Callamard s'interroge sur le rôle des institutions internationales,
"qui devraient agir mais nous laissent tomber",
et sur la validité actuelle des idéaux post-1945. 

En préambule du rapport, la secrétaire générale souligne:


Pour des millions de personnes dans le monde, Gaza symbolise désormais l'échec moral absolu de nombreux architectes du système établi après la Seconde Guerre mondiale.

Il faut donc
"revitaliser et renouveler les institutions internationales"
, notamment en réformant
"de toute urgence le Conseil de sécurité de l'ONU et son droit de veto, pour qu'il ne puisse pas être utilisé dans des situations de violations massives des droits de l'homme",
a-t-elle plaidé auprès de l'AFP.

Pour l'ONG, dans un autre registre, la montée en puissance de l'intelligence artificielle (IA) est aussi source d'inquiétude, cette technologie pouvant accélérer la propagation de fausses informations ou perpétuer des biais racistes.

Amnesty accuse les grandes entreprises technologiques d'ignorer ou de minimiser ces menaces,
"même dans des contextes de conflits armés".

"Les 'hors-la-loi' de la technologie et leurs outils malveillants"
laissés libres d'utilisation risquent d'aggraver les violations des droits humains en 2024, année d'échéances électorales majeures dans le monde, des États-Unis à l'Inde en passant par le Royaume-Uni et l'Union européenne, a-t-elle souligné.

"La prolifération et le déploiement non-réglementé de technologiques telles que l'IA générative, la reconnaissance faciale et les logiciels espions"
représentent une
"énorme menace",
face à laquelle les gouvernements doivent
"prendre des mesures législatives et réglementaires solides".

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