Macron prêt à "ouvrir le débat" d'une défense européenne comprenant l'arme nucléaire

10:4928/04/2024, Pazar
MAJ: 28/04/2024, Pazar
AFP
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors du séminaire final de la Convention sur la fin de vie au Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris, le 26 avril 2024.
Crédit Photo : Ludovic MARIN / AFP
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors du séminaire final de la Convention sur la fin de vie au Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris, le 26 avril 2024.

Le président français Emmanuel Macron s'est de nouveau dit prêt à "ouvrir le débat" d'une défense européenne qui comprendrait aussi l'arme nucléaire, dans un entretien avec des jeunes Européens publié samedi soir par les journaux du groupe Ebra.

"Je suis pour ouvrir ce débat qui doit donc inclure la défense antimissile, les tirs d'armes de longue portée, l'arme nucléaire pour ceux qui l'ont ou qui disposent sur leur sol de l'arme nucléaire américaine. Mettons tout sur la table et regardons ce qui nous protège véritablement de manière crédible"
, a déclaré le chef de l'Etat, en ajoutant que la France garderait
"sa spécificité mais est prête à contribuer davantage à la défense du sol européen".

Depuis le Brexit et la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, la France est le seul de ses Etats membres à disposer de la dissuasion nucléaire.

Lors de son discours sur l'Europe jeudi à la Sorbonne, le président français avait plaidé pour une
"Europe puissance"
et la constitution d'une Europe de la défense
"crédible"
au côté de l'Otan et face à la Russie, devenue beaucoup plus menaçante depuis son invasion de l'Ukraine en février 2022.

"Ça peut signifier déployer des boucliers antimissiles, mais il faut être sûr qu'ils bloquent tous les missiles et dissuadent de l'utilisation du nucléaire"
, a expliqué M. Macron dans son entretien publié samedi par les journaux de l'Est de la France. Cette interview a été réalisée vendredi lors d'une visite à Strasbourg.

"Être crédible, c'est avoir aussi des missiles de longue portée qui dissuaderaient les Russes. Et il y a l'arme nucléaire: la doctrine française est qu'on peut l'utiliser quand nos intérêts vitaux sont menacés. J'ai déjà dit qu'il y a une dimension européenne dans ces intérêts vitaux, sans les détailler car cette dissuasion concourrait à la crédibilité de la défense européenne"
, a-t-il précisé.

Lors de son discours à la Sorbonne, M. Macron avait déjà abordé cette question de l'arme nucléaire française, qui revient régulièrement dans les discussions sur la défense européenne.


La dissuasion nucléaire est en effet au cœur de la stratégie de défense française. Elle est donc par essence un élément incontournable de la défense du continent européen.

La construction d'une Europe de la défense est depuis très longtemps un objectif de la France, mais elle s'est souvent heurtée aux réticences de ses partenaires qui jugeaient plus sûr le parapluie de l'Otan.


L'invasion de l'Ukraine et le possible retour à la Maison-Blanche de Donald Trump relancent le débat sur une autonomie européenne en matière de défense.

A propos de l'Ukraine, M. Macron escompte un effet des livraisons d'armes actuelles.
"J’espère que, compte tenu de ce que nous sommes en train de délivrer -- les Etats-Unis, les Allemands, nous -- dans les prochains mois, les Ukrainiens pourront résister davantage"
, a-t-il dit dans l'entretien aux journaux du groupe Ebra.

"On joue vraiment notre sécurité, et on joue l’avenir de l’Europe"
, a-t-il réaffirmé.

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