Mali: la junte suspend les indemnités allouées aux rebelles du CNRSS

12:5023/10/2023, lundi
MAJ: 23/10/2023, lundi
APANEWS
Le Premier ministre du Mali, Choguel Maiga. Crédit photo: ANNIE RISEMBERG / AFP
Le Premier ministre du Mali, Choguel Maiga. Crédit photo: ANNIE RISEMBERG / AFP

En pleine reconquête des territoires occupés par des groupes armés au nord du pays, les autorités maliennes de transition ont décidé de couper les primes et indemnités allouées par l'État aux membres du Conseil national pour la réforme du secteur de la sécurité (CNRSS).

Entre le gouvernement malien et les groupes armés signataires de l'Accord de paix d'Alger, les tensions se sont intensifiées quelques mois après l'arrivée des militaires au pouvoir.


Lors du Conseil des ministres du mercredi 18 octobre, le Premier ministre Choguel Maiga a annoncé que ces paiements seraient désormais suspendus. Toutefois, cette décision ne s'applique pas aux représentants du gouvernement et à ceux des Mouvements de l'Inclusivité.

Selon le communiqué du Conseil des ministres, cette décision vise les membres du CNRSS en raison de
"la suspension unilatérale de leur participation aux activités des structures de mise en œuvre de l'Accord pour la Paix et la Réconciliation, issu du processus d'Alger, la déclaration officielle de guerre à l'État du Mali ainsi que les attaques perpétrées contre des camps et des positions militaires, qu'ils revendiquent".

Depuis le 10 septembre dernier, les groupes armés membres du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (PSD-CSP) ont promis d'agir en légitime défense en lançant des assauts contre les camps de l'armée malienne. Ils accusent l'armée de profiter de la rétrocession des bases de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) pour attaquer leurs positions.


Ces groupes rebelles ont mené une série d'attaques contre les camps de l'armée malienne dans plusieurs localités. En plus de ces attaques, des embuscades meurtrières ont visé l'armée nationale pour l'empêcher de progresser vers Kidal, une ville stratégique du nord Mali considérée comme le bastion de la rébellion qui a débuté en 2012. L'Accord de paix issu du processus d'Alger, déjà fragilisé depuis sa signature en 2015, semble désormais en désuétude avec cette reprise des hostilités entre les parties signataires.


Les tensions entre le gouvernement malien et les groupes armés signataires avaient commencé à s'intensifier depuis la fin de 2022, presque deux ans après l'arrivée des militaires au pouvoir à Bamako, dirigés par Assimi Goïta, qui a mené deux coups d'État en août 2020 contre le défunt président Ibrahim Boubacar Keita et en mai 2021 contre le président de transition Bah N'daw.

Les groupes armés avaient demandé en vain la tenue d'une réunion en dehors du Mali pour évaluer la mise en œuvre de l'Accord. En décembre dernier, ils avaient finalement suspendu leur participation aux organes et mécanismes de mise en œuvre de l'Accord en attendant que leurs demandes soient satisfaites. En représailles, les nouvelles autorités de transition avaient suspendu les primes et indemnités qui leur étaient versées pour leur participation aux différents mécanismes et organes de mise en œuvre de l'Accord de paix.


Le Conseil national pour la réforme du secteur de la sécurité (CNRSS) a été créé par le décret n°2016-0401/P-RM du 9 juin 2016. Jusqu'à présent, il était le seul mécanisme de l'Accord à être exempté des mesures de rétorsion de la junte, alors que sa mission consiste à mettre en œuvre la réforme du secteur de la sécurité au Mali. Certains craignent que cette décision sonne le glas du processus de paix dans un pays déchiré par les violences terroristes et les actions des groupes rebelles indépendantistes.

La décision du gouvernement de transition intervient à un moment critique où les autorités, par le biais des forces armées maliennes, affrontent les groupes armés du CSP-PSD pour le contrôle de l'ensemble du territoire national, en particulier de la région stratégique de Kidal. Cette opération militaire est menée dans le cadre du retrait en cours des bases de la Minusma, dont le processus a débuté le 1er juillet dernier et est censé prendre fin avant le 31 décembre prochain.


La Minusma était la seule force interposée entre ces parties, grâce à des dispositions telles que le cessez-le-feu signé en 2014. Malgré la précarité de l'environnement sécuritaire au Mali, la Minusma est déterminée à respecter la date butoir du 31 décembre, et à se retirer du Mali.


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