Au Mali, le spectre d’un "départ forcé" guette la Minusma

18:2017/10/2023, mardi
MAJ: 17/10/2023, mardi
APANEWS
Crédit photo: SIA KAMBOU / AFP
Crédit photo: SIA KAMBOU / AFP

À l'approche de la date butoir du retrait de la mission onusienne au Mali, prévu dans moins de trois mois, des incertitudes planent sur le respect de ce calendrier.

Le Mali, l'un des pays du Sahel en proie aux actions des rebelles indépendantistes et groupes terroristes, a entamé ces dernières semaines une opération militaire pour reconquérir une grande partie du territoire, du centre au nord du pays.


L'armée malienne poursuit ainsi son avancée vers Kidal, avec l'objectif final de prendre la ville stratégique de Kidal d'ici quelques jours.


Ces opérations sont menées par Bamako alors que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) se prépare à quitter définitivement le pays ouest-africain avant le 31 décembre 2023. Cependant, avec les récents développements sur les théâtres d'opération, des observateurs se montrent sceptiques sur la possibilité de voir la Minusma se retirer du Mali avant cette date au regard des nombreux défis logistiques et opérationnels à relever.

Entamée depuis le 1er septembre dernier, la seconde phase du retrait de la Minusma rencontre en effet des difficultés majeures. Sur les huit bases de la mission onusienne encore ouvertes (Kidal, Tessalit, Aguelhok, Douentza, Mopti/Sévaré, Gao, Tombouctou et Bamako), aucune n'a été fermée. Il était prévu toutefois de fermer au moins quatre d'entre elles à la mi-octobre 2023, à savoir les bases de Douentza, Sévaré/Mopti, Aguelhok et Tessalit.


Pourtant, lors de la première phase de ce retrait achevée depuis le 25 août dernier, la Minusma n'avait pas rencontré de difficultés majeures pour rétrocéder ses quatre bases (Ogossagou, Ber, Goundam et Ménaka) aux autorités maliennes.

Certains avaient même émis des doutes quant au respect du délai imparti pour la clôture de la première phase du processus de retrait de la Minusma. En ce sens que des violences ont émaillé la rétrocession de la base de la Minusma à Ber, localité relevant de la région de Tombouctou et qui était sous le contrôle de la rébellion avant qu'elle n'y soit chassée par les Forces armées maliennes, désignées le plus souvent par l'acronyme FAMa.


En revanche, pour la deuxième phase du processus de retrait, c'est toujours le statu quo. Pour la Minusma, le blocage actuel est dû à plusieurs facteurs, notamment la reprise des hostilités entre les parties signataires de l'Accord de paix de 2015 (armée malienne et rébellion), l'intensification des attaques terroristes qui n'épargnent pas ses installations et le refus des autorités maliennes de lui accorder des autorisations de mouvements pour démanteler ses différentes bases restantes.


La Minusma indique que, depuis le 24 septembre dernier, les convois logistiques n'ont pas été autorisés à quitter la ville de Gao pour récupérer les matériels des Nations unies et autres équipements des pays contributeurs de troupes stationnées actuellement à Aguelhok, Tessalit et Kidal.

Si ces blocages persistent, il sera difficile pour la Minusma de respecter le calendrier imparti (31 décembre) pour son retrait du Mali. Au cas où elle devrait partir à la date indiquée, elle serait contrainte alors à
"un départ forcé"
en abandonnant les équipements appartenant aux pays contributeurs de troupes ou aux Nations Unies.

La Minusma avertit ainsi que cette situation entraînerait des pertes financières importantes pour ces pays et empêcherait les Nations unies de soutenir d'autres opérations de maintien de la paix ayant besoin de ces équipements.


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