Crédit Photo : ALFREDO ZUNIGA / AFP
Des personnes déplacées de la province de Cabo Delgado se rassemblent pour recevoir une aide humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM) à l'école 21 de Abril Tribune dans la ville de Namapa, district d'Erati de Nampula, Mozambique, le 27 février 2024.
Quand des terroristes armés ont attaqué son village deux fois le même jour, Alexandrina Calisto a fui avec sa famille affolée, rejoignant des dizaines de milliers de civils déplacés par cette nouvelle vague de violences au Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique.
Cette femme de trente ans est partie avec sa mère, sa sœur et ses trois enfants le 20 février, après l'irruption d'hommes armés. Mais des soldats mozambicains leur ont rapidement assuré que la situation était sous contrôle et qu'ils étaient en sécurité.
À leur retour à la maison, les hommes armés
"nous ont attaqués de nouveau",
précipitant leur fuite, confie-t-elle dans un camp de déplacés à Namapa, au sud de la province du Cabo Delgado, en proie à des violences terroristes depuis déjà plus de six ans.
Les hommes armés, qui ont aussi incendié plusieurs voitures,
"étaient armés de couteaux, de fusils, de pistolets et d'armes pour tuer",
dit-elle.
"Nous avons chacun commencé à défendre notre vie et avons pris la fuite. Ils nous ont dit qu'ils ne tueraient personne".
Les groupes armés terroristes, liés au groupe Daesh, pratiquent la décapitation à grande échelle pour terroriser la population depuis fin 2017. Ils enlèvent aussi régulièrement jeunes gens et femmes pour grossir leurs rangs, dans cette province riche en gaz naturel, du nord de l'ancienne colonie portugaise.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de déplacés par cette nouvelle flambée de violences s'élève désormais à près de 70 000 personnes.
L'agence onusienne affirme jeudi que le nombre de personnes ayant fui des attaques dans cinq districts de la province, entre le 8 et le 27 février, s'élève à 68 156 personnes.
"En réalité, ces nouveaux déplacements ne datent pas uniquement des dernières semaines, nous avons constaté une reprise du pic de déplacements depuis novembre",
a déclaré Francesca Zuccaro, de Médecins sans frontières (MSF) au Mozambique.
Dans certains districts, des personnes ont été déplacées déjà à plusieurs reprises, a-t-elle précisé. Cornelio Alberto faisait ses courses lorsque des hommes armés sont arrivés.
"Ils ont débarqué sur le marché à trois heures de l'après-midi",
raconte-t-il.
"Ils nous ont capturés et forcés à marcher avec eux"
en direction d'une rivière voisine.
"Nous nous sommes évadés, avons couru dans la jungle et dormi là"
et
"le lendemain, nous avons marché en direction de Namapa"
pour y être pris en charge.
Cet homme, qui a fui avec ses cinq enfants, son épouse et trois frères, confie n'avoir pas mangé grand-chose depuis des jours.
L'
"impact sur la santé mentale"
au bout de plus de six ans de cette guérilla meurtrière
"est particulièrement frappant"
parmi les déplacés, relève Francesca Zuccaro, précisant que MSF propose notamment des consultations psychologiques individuelles.
Depuis 2021, des milliers de militaires du Rwanda et des pays voisins de la SADC (Communauté de développement de l'Afrique australe) aident le gouvernement à reprendre un contrôle fragile sur une grande partie de la province mais des attaques terroristes se poursuivent.
La même année, l'Union européenne a entamé une mission de formation militaire dans le pays pour aider les forces armées locales.
L'UE
"aidera vos forces armées... à combattre le terrorisme dans les régions septentrionales de votre beau pays",
a assuré mercredi Delphine Pronk, à la tête du comité politique et de sécurité de l'UE, lors d'une visite de travail dans le pays.
Près de 5 000 personnes ont été tuées et un million déplacées depuis le début de l'insurrection terroristes dans la région.
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