Passeport cambodgien : Hun Sen affirme que Yingluck Shinawatra a fui la Thaïlande avec un document délivré par Phnom Penh

Crédit Photo : LILLIAN SUWANRUMPHA / AFP

L’ex-Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra.

Le président du Sénat cambodgien, Hun Sen, a affirmé vendredi que l’ex-Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra avait fui son pays en utilisant un passeport cambodgien, une déclaration qui pourrait raviver les tensions entre la Thaïlande et le Cambodge.

"J’ai eu pitié de Yingluck. Elle détient toujours un passeport cambodgien et vit à l’étranger. Mais elle souffre à cause de son frère, et maintenant à cause de sa nièce. Je ne voulais pas en parler, mais je dois le faire"

, a déclaré Hun Sen, cité par le média Fresh News Asia.

Selon lui, Yingluck aurait été transportée depuis Poipet, à la frontière thaïlando-cambodgienne, après avoir atterri à Siem Reap en provenance de Singapour. Il a insisté:

L’avion a atterri, et elle est montée immédiatement dans une voiture. Aujourd’hui, la vérité éclate.

Un contentieux politique familial qui déborde au niveau régional

Yingluck, Première ministre de 2011 à 2014, a été renversée par un coup d’État. Son frère Thaksin Shinawatra, également ancien chef du gouvernement, avait subi le même sort en 2006. Tous deux sont en exil pour échapper à des poursuites judiciaires en Thaïlande.

Hun Sen a également exprimé sa frustration vis-à-vis de la Première ministre actuelle, Paetongtarn Shinawatra, fille de Thaksin et nièce de Yingluck, en déclarant:

Elle peut insulter son armée, mais elle ne peut pas m’insulter.

Ses propos font suite à une fuite téléphonique entre lui et la dirigeante thaïlandaise, dans laquelle cette dernière aurait critiqué l’armée de son pays, et plus particulièrement le commandant de la 2e région militaire, dans un contexte de tensions croissantes à la frontière avec le Cambodge.

Cette fuite a provoqué un tollé politique en Thaïlande, où plusieurs figures de l’opposition ont demandé la démission de Paetongtarn Shinawatra.

Des tensions militaires toujours vives à la frontière

Dans ce climat tendu, Hun Sen s’est rendu jeudi dans la province cambodgienne d’Oddar Meanchey, située à la frontière avec la Thaïlande, et a ordonné à l’armée de rester en état d’alerte maximal.

"Cette fois, nous ne nous contenterons pas de nous défendre, nous passerons à l’offensive"

, a-t-il averti, selon le Khmer Times.

"Nous voulons vivre en paix, et vos soldats veulent rester avec leurs familles. Mais le chaos interne d’un pays voisin nous pousse au conflit",

a-t-il ajouté.

Les tensions à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge ont ressurgi le 28 mai, après des échanges de tirs ayant coûté la vie à un soldat cambodgien.