
C'est l'une des plus grandes affaires de pédocriminalité jamais jugées en France: le procès de Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien accusé de violences sexuelles sur près de 300 patients dans une douzaine d'hôpitaux, s'ouvre lundi après-midi dans l'ouest du pays.
La plupart des 299 victimes étaient mineures au moment des faits, 256 avaient moins de 15 ans, et elles étaient souvent endormies ou en phase de réveil.
Déjà condamné en 2020 à Saintes (centre-ouest) à 15 ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur quatre enfants, dont deux nièces, l'ancien médecin est désormais jugé pour des actes perpétrés entre 1989 et 2014 dans des hôpitaux de l'ouest de la France, notamment de Bretagne.
Ses écrits, très détaillés, indiquaient le nom, l'âge et l'adresse de ses victimes ainsi que les violences infligées, souvent sous couvert de geste médical.
Nombre de victimes ont été confrontées à une amnésie traumatique, effaçant partiellement ou entièrement le souvenir du médecin.
"Pédophile" revendiqué
L'audience de lundi sera principalement occupée par des aspects techniques du procès.
La journée de mardi, consacrée à la personnalité de l'accusé, sera un moment fort avec les témoignages de ses trois fils et de son ex-épouse.
Cette dernière affirme ne jamais avoir eu le moindre soupçon sur la pédocriminalité de son mari, malgré des écrits de ce dernier laissant penser le contraire, et une première condamnation du chirurgien pour détention d'images pédopornographiques en 2005, déjà à Vannes.
La cour criminelle suivra l'ordre chronologique des violences sexuelles reprochées à M. Le Scouarnec.
Une quarantaine de parties civiles ont déjà fait valoir leur droit au huis clos, et d'autres peuvent encore le faire tout au long de l'audience.
Le 19 mai, la cour entendra plusieurs anciens hauts responsables des hôpitaux et services de santé. Selon des documents confidentiels consultés par l'AFP, certains avaient été informés dès 2006 de la première condamnation du chirurgien, sans que sa carrière n'en soit impactée ou que des dispositions aient été prises pour ne pas le laisser seul en présence de mineurs.
Le médecin avait exercé onze ans encore, poursuivant ses violences sexuelles présumées sur les enfants qu'il opérait.
Les plaidoiries des 63 avocats des parties civiles sont programmées du 22 au 28 mai et les réquisitions le 2 juin.
Les avocats de la défense plaideront le lendemain, avant que la cour ne se retire pour délibérer durant trois jours à partir du 4 juin.
Si ce calendrier est tenu, le verdict est attendu le 6 juin.