Procureure militaire israélienne arrêtée après la fuite d’une vidéo de violences contre un Palestinien

La rédaction avec
16:413/11/2025, lundi
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Des soldats israéliens assis sur des chars d'assaut dans le sud, près de la barrière frontalière entre Israël et Gaza, le 30 octobre 2025.
Crédit Photo : JACK GUEZ / AFP
Des soldats israéliens assis sur des chars d'assaut dans le sud, près de la barrière frontalière entre Israël et Gaza, le 30 octobre 2025.

La police israélienne a arrêté Yifat Tomer-Yerushalmi, procureure militaire générale sortante, ainsi que le colonel à la retraite Matan Solomesh, ancien procureur militaire en chef, dans le cadre d’une enquête sur la fuite d’une vidéo montrant des soldats israéliens agressant violemment un détenu palestinien dans la prison militaire de Sde Teiman, au sud d’Israël, ont rapporté lundi les médias locaux.

Selon la chaîne publique KAN, Tomer-Yerushalmi a été arrêtée pour entrave à la justice et abus de confiance.


Elle est soupçonnée d’avoir obstrué l’enquête, divulgué des informations confidentielles et fourni un faux témoignage après avoir été liée à la diffusion de la vidéo.


La police affirme qu’elle aurait menti à deux chefs d’état-major, à la Cour suprême, aux défenseurs et au public.


Les preuves recueillies, notamment des messages et témoignages, indiquent que Solomesh aurait su que Tomer-Yerushalmi était à l’origine de la fuite, mais n’en aurait pas informé sa hiérarchie lorsque l’enquête interne a débuté.


D’après le quotidien Yedioth Ahronoth, le tribunal de première instance de Tel-Aviv a décidé de prolonger la détention de Tomer-Yerushalmi de trois jours. La juge Shelly Kotin a précisé que les soupçons portent sur fraude, abus de pouvoir, entrave à la justice et divulgation d’informations confidentielles par une fonctionnaire publique.

"La durée de l’enquête, la situation personnelle de la suspecte et les premiers éléments de l’instruction justifient la poursuite de la détention"
, a-t-elle indiqué.

La police a également demandé une prolongation de cinq jours de la détention de Solomesh.


Tomer-Yerushalmi avait présenté sa démission vendredi, mettant fin à un mandat entamé en 2021, sur fond de polémique autour de la fuite de la vidéo, qui a suscité une indignation nationale et internationale et relancé les appels à fermer la prison de Sde Teiman, tristement célèbre pour les abus commis contre les détenus palestiniens.


Dans sa lettre de démission adressée au chef d’état-major Eyal Zamir, publiée par le quotidien Haaretz, elle a reconnu avoir
"autorisé la diffusion de documents aux médias afin de contrer la propagande mensongère visant le système de justice militaire"
, ajoutant qu’elle assumait l’entière responsabilité de toute fuite d’informations vers la presse.

Selon le journal, plusieurs figures de la droite radicale ont continué à s’en prendre à elle après la publication de la vidéo. Le ministre de la Défense Israel Katz a déclaré qu’elle ne reprendrait pas ses fonctions
"en raison de la gravité des soupçons"
et a annoncé la désignation prochaine d’un remplaçant par intérim avant la nomination d’un nouveau procureur militaire général.

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, proche de l’extrême droite, a indiqué sur Telegram que Tomer-Yerushalmi était placée sous étroite surveillance en détention pour sa propre sécurité.


Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait qualifié dimanche les violences de Sde Teiman de
"plus dommageables que tout autre incident"
pour l’image d’Israël et de son armée.

La vidéo fuitée, publiée en août 2024, montre des soldats encerclant un détenu palestinien menotté et entravé, allongé face contre terre, puis le frappant violemment avec des boucliers anti-émeute. L’homme, dont l’identité n’a pas été révélée, a ensuite été hospitalisé dans un état grave.


En février 2025, cinq soldats ont été inculpés pour cette agression. L’acte d’accusation précise qu’ils ont battu le détenu le 5 juillet 2024, lui causant plusieurs fractures et des lésions internes graves.


Un ordonnance de censure empêche de révéler les noms des soldats. Ils ne sont pas incarcérés et ne font l’objet d’aucune mesure restrictive.


Plus de 10 000 Palestiniens sont actuellement détenus dans les prisons israéliennes, dont des femmes et des enfants, et subissent, selon des organisations de défense des droits humains, des actes de torture, la privation de nourriture et le manque de soins médicaux. Plusieurs détenus y sont morts en détention.


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