
La police israélienne a arrêté Yifat Tomer-Yerushalmi, procureure militaire générale sortante, ainsi que le colonel à la retraite Matan Solomesh, ancien procureur militaire en chef, dans le cadre d’une enquête sur la fuite d’une vidéo montrant des soldats israéliens agressant violemment un détenu palestinien dans la prison militaire de Sde Teiman, au sud d’Israël, ont rapporté lundi les médias locaux.
Selon la chaîne publique KAN, Tomer-Yerushalmi a été arrêtée pour entrave à la justice et abus de confiance.
Elle est soupçonnée d’avoir obstrué l’enquête, divulgué des informations confidentielles et fourni un faux témoignage après avoir été liée à la diffusion de la vidéo.
La police affirme qu’elle aurait menti à deux chefs d’état-major, à la Cour suprême, aux défenseurs et au public.
Les preuves recueillies, notamment des messages et témoignages, indiquent que Solomesh aurait su que Tomer-Yerushalmi était à l’origine de la fuite, mais n’en aurait pas informé sa hiérarchie lorsque l’enquête interne a débuté.
La police a également demandé une prolongation de cinq jours de la détention de Solomesh.
Tomer-Yerushalmi avait présenté sa démission vendredi, mettant fin à un mandat entamé en 2021, sur fond de polémique autour de la fuite de la vidéo, qui a suscité une indignation nationale et internationale et relancé les appels à fermer la prison de Sde Teiman, tristement célèbre pour les abus commis contre les détenus palestiniens.
Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, proche de l’extrême droite, a indiqué sur Telegram que Tomer-Yerushalmi était placée sous étroite surveillance en détention pour sa propre sécurité.
La vidéo fuitée, publiée en août 2024, montre des soldats encerclant un détenu palestinien menotté et entravé, allongé face contre terre, puis le frappant violemment avec des boucliers anti-émeute. L’homme, dont l’identité n’a pas été révélée, a ensuite été hospitalisé dans un état grave.
En février 2025, cinq soldats ont été inculpés pour cette agression. L’acte d’accusation précise qu’ils ont battu le détenu le 5 juillet 2024, lui causant plusieurs fractures et des lésions internes graves.
Un ordonnance de censure empêche de révéler les noms des soldats. Ils ne sont pas incarcérés et ne font l’objet d’aucune mesure restrictive.
Plus de 10 000 Palestiniens sont actuellement détenus dans les prisons israéliennes, dont des femmes et des enfants, et subissent, selon des organisations de défense des droits humains, des actes de torture, la privation de nourriture et le manque de soins médicaux. Plusieurs détenus y sont morts en détention.









