L'opposition au Sénégal appelle à manifester dimanche à Dakar et prévoit de lancer la campagne électorale comme prévu, rejetant la décision du président Macky Sall de reporter la présidentielle du 25 février, une décision sans précédent qui a suscité un tollé.
L'annonce faite samedi dans un contexte de grave crise politique par le président élu en 2012 et réélu en 2019 a aussi provoqué l'inquiétude à l'étranger.
Plusieurs candidats de l'opposition ont annoncé dimanche à la presse et sur les réseaux sociaux qu'ils vont passer outre la décision du président Sall et maintenir le lancement dimanche de leur campagne électorale.
"Régression démocratique"
Le président Sall a annoncé samedi, quelques heures avant l'ouverture officielle de la campagne, abroger le décret fixant la présidentielle au 25 février.
Séparation des pouvoirs
Le président Sall a invoqué le conflit qui a éclaté entre le Conseil constitutionnel et l'Assemblée nationale après la validation définitive par la juridiction de 20 candidatures et l'élimination de plusieurs dizaines d'autres.
A l'initiative de Karim Wade, un candidat recalé qui a remis en cause l'intégrité de deux juges constitutionnels et réclamé le report de l'élection, l'Assemblée a approuvé la création d'une commission d'enquête sur les conditions de validation des candidatures.
Contre toute attente, les députés du camp présidentiel ont soutenu la démarche. Elle a provoqué une vive querelle sur la séparation des pouvoirs, mais aussi nourri le soupçon d'un plan du pouvoir pour ajourner la présidentielle et éviter la défaite. Le candidat du camp présidentiel, le Premier ministre Amadou Ba, est contesté dans ses propres rangs et fait face à des dissidents.
Au contraire, l'antisystème Bassirou Diomaye Faye, à la candidature validée par le Conseil constitutionnel bien qu'il soir emprisonné depuis 2023, s'est imposé ces dernières semaines comme un postulant crédible à la victoire, un scénario cauchemar pour le camp présidentiel.
Selon le code électoral, un décret fixant la date d'une nouvelle présidentielle doit être publié au plus tard 80 jours avant le scrutin, ce qui mènerait à fin avril dans le meilleur des cas, un cas de figure quasiment impossible.