Soudan: communications coupées, violents combats et situation sanitaire critique

09:2815/07/2023, samedi
AFP
Crédit Photo: AFP
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Khartoum, la capitale du Soudan déchirée par la guerre, a été privée de communications pendant plusieurs heures vendredi, au moment où l'armée et les forces paramilitaires se livraient à de violents combats, des ONG mettant en garde contre une aggravation de la situation sanitaire.

Les connexions internet et de téléphonie mobile, essentielles pour s'informer et faire des provisions, étaient hors service avant leur rétablissement dans l'après-midi, tandis que de
"violents affrontements"
faisaient rage dans plusieurs quartiers de la ville, ont indiqué des témoins.

Des nuages de fumée noire ont été aperçues près du quartier général de l'armée dans le centre de la ville, ainsi que dans le sud.
Des témoins à Khartoum-Nord ont évoqué des
"affrontements avec toutes sortes d'armes".
Et à Omdourman, des habitants ont fait état d'avions de chasse et de drones survolant la banlieue nord.

Depuis le 15 avril, le commandant de l'armée, Abdel Fattah al-Burhane, est en guerre contre son ex-numéro deux, le général Mohamed Hamdane Daglo, qui dirige les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).


Les combats, essentiellement à Khartoum mais aussi au Darfour (ouest), théâtre de nouvelles atrocités, ont fait près de 3.000 morts, selon l'ONG Acled, spécialisée dans la collecte d'informations dans les zones de conflit.


L'ONU fait état de trois millions de déplacés et de réfugiés, dont plus d'un million et demi sont partis de Khartoum.
 Des millions d'autres restent bloqués chez eux de peur d'être pris dans les feux croisés de la guerre urbaine brutale.

Ils ont souvent recours à Internet pour répondre à leurs besoins élémentaires, mettant en place des initiatives de financement participatif pour trouver des itinéraires d'évacuation, de la nourriture et des médicaments.


"Vie ou mort"


Plus de 2,4 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays, où les réserves sont faibles et
"entre deux tiers et 80% des hôpitaux ne fonctionnent pas",
souligne vendredi Rick Brennan, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). 

Le
"système de santé soudanais déjà surchargé"
est confronté à
"d'énormes défis"
mettant
"le peuple soudanais dans une situation de vie ou de mort",
selon M. Brennan, directeur régional chargé des situations d'urgence. 

A Kosti, dernière grande ville sur la route reliant Khartoum au Soudan du Sud, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a prévenu vendredi que de nombreuses familles avaient besoin d'aide,
"dont 260.000 (personnes) ayant fui Khartoum",
après
"de fortes pluies qui ont provoqué des inondations."

Dans un pays, parmi les plus pauvres au monde, où plus d'un habitant sur deux a besoin d'aide pour survivre, l'alerte à la famine est maximale et avec la saison des pluies qui a débuté en juin, les épidémies explosent, comme chaque année.
Les humanitaires continuent de réclamer un accès aux zones de combat en vain. 

L'ONG Islamic Relief a fait état vendredi au lendemain d'une rencontre réunissant des ONG et des travailleurs de santé, d'épidémies de rougeole dans 11 des 18 Etats du Soudan, ainsi que
"300 cas et 7 décès de choléra/diarrhée aqueuse aiguë". 

"Les informations faisant état d'une probable épidémie de choléra sont difficiles à confirmer en l'absence d'un laboratoire de santé publique opérationnel",
souligne l'OMS vendredi.

Impact sur la région


Les voisins du Soudan craignent des retombées du conflit, alors que 740.000 personnes ont fui leur pays depuis le début des hostilités selon l'ONU. 


L'Egypte, a reçu le plus gros contingent avec plus de 255.000 réfugiés, suivie du Tchad (240.000) et du Soudan du Sud (160.000).


Au Soudan du Sud,
"la fermeture de la frontière nord a laissé de nombreux marchés vides"
et risque d'aggraver une situation humanitaire déjà fragile, a déclaré vendredi Pierre Dorbes du Comité international de la Croix-Rouge. 

Les sept pays voisins du Soudan se sont réunis jeudi au Caire pour réclamer de l'aide. 



La communauté internationale qui avait promis 1,5 milliard de dollars lors d'un sommet en juin
"doit tenir ses promesses"
et
"aider les pays voisins",
a rappelé le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Jeudi, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé l'ouverture d'une nouvelle enquête pour crimes de guerre au Soudan, particulièrement au Darfour. 


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