Brésil: "attaque" manquée contre la Cour suprême, à quelques jours du G20

11:5714/11/2024, Thursday
AFP
Le corps d'un homme décédé à la suite d'une explosion devant la Cour suprême fédérale du Brésil à Brasilia, au Brésil, le 13 novembre 2024.
Crédit Photo : SERGIO LIMA / AFP
Le corps d'un homme décédé à la suite d'une explosion devant la Cour suprême fédérale du Brésil à Brasilia, au Brésil, le 13 novembre 2024.

Un homme portant des explosifs est mort mercredi soir à Brasilia après avoir tenté en vain de pénétrer dans le bâtiment de la Cour suprême du Brésil, une "attaque" manquée selon les autorités, à quelques jours d'un sommet du G20.

Cette présumée tentative d'attentat ciblant une institution majeure de la démocratie brésilienne réveille le souvenir des émeutes d'extrême droite contre les sièges de l'exécutif, du législatif et du judiciaire sur la même place de la capitale en janvier 2023.


Elle s'inscrit en outre dans un contexte particulièrement fort: le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva accueille la semaine prochaine un sommet du G20 à Rio de Janeiro et une visite d'Etat du président chinois Xi Jinping à Brasilia.

"Il y a d'abord eu l'explosion (d'une) voiture"
, puis un
"individu s'est approché du Tribunal suprême fédéral, a essayé d'entrer, n'y est pas parvenu et l'explosion s'est produite devant la porte"
, a déclaré devant la presse la vice-gouverneure de Brasilia, Celina Leao.

Selon les informations préliminaires, il s'agit d'un
"suicide"
, a poursuivi la responsable, évoquant la piste d'
"un loup solitaire".

D'après un document de la police publié par la chaîne GloboNews, l'homme se nommait Francisco Wanderley Luiz et était aussi propriétaire de la voiture. La vice-gouverneure a indiqué que des indices pointent vers lui.


Lors d'élections locales en 2020, il avait été candidat au poste de conseiller municipal sous les couleurs du Parti libéral de Jair Bolsonaro, président d'extrême droite alors au pouvoir.

La Cour suprême se trouve sur la place des Trois-Pouvoirs, où elle fait face au palais présidentiel et au Parlement.


Lula ne se trouvait pas au palais présidentiel au moment des explosions, a dit à l'AFP un porte-parole de la présidence.


Voiture en feu


La police fédérale a annoncé avoir ouvert une enquête sur
"les attaques"
.

Sur les lieux des explosions, les enquêteurs procédaient aux constatations avec précaution, car le corps, qu'un photographe de l'AFP a pu apercevoir, est entouré d'explosifs munis d'une minuterie.


Les deux détonations se sont produites dans un bref laps de temps vers 19H30 (heure locale, 22H30 GMT) et n'ont pas fait de blessé.

Des policiers effectuant une ronde avaient repéré le véhicule en feu et ont vu l'individu en sortir précipitamment, a rapporté le sergent Santos, de la Police militaire du District fédéral (qui comprend Brasilia).


"Il y a dans la voiture une sorte de bombe, plusieurs explosifs reliés par des briques, mais cela n'a pas pris feu complètement"
, a-t-il détaillé.

La Cour suprême avait auparavant fait savoir qu'à la fin d'une séance
"deux fortes explosions ont été entendues"
et que les juges et le personnel sur place ont été évacués
"par mesure de précaution".

Le palais présidentiel est fermé et personne ne peut y entrer, a constaté un photographe de l'AFP. Sous une pluie battante, toute la place était bouclée par un imposant déploiement de forces de sécurité.


Laiana Costa, une fonctionnaire du Tribunal des comptes de l'Union, un autre organe officiel, a raconté à des médias locaux avoir vu un
"homme passer"
:
"Tout à coup j'ai entendu un bruit, j'ai regardé derrière, il y avait du feu et de la fumée".

"Crapulerie"


Le 8 janvier 2023, une semaine après le retour de Lula au pouvoir, des milliers de partisans de Jair Bolsonaro, défait au scrutin présidentiel de la fin 2022, avaient pris d'assaut et saccagé les sièges des institutions sur la place des Trois-Pouvoirs. 


Les attaques du 8 Janvier ont été
"très significatives, tristes aussi, et ont bien sûr amené à changer les règles de sécurité de tous les pouvoirs, de tous les bâtiments abritant les trois pouvoirs"
, a relevé le président du Sénat, Rodrigo Pacheco.

Parmi d'autres enquêtes sensibles, Alexandre de Moraes, un puissant juge de la Cour suprême, conduit les investigations sur cette présumée tentative de
"coup d'Etat"
, dont le spectacle avait rappelé l'assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump le 6 janvier 2021 aux Etats-Unis.

"Il y a des fous partout et de toutes les tendances politiques"
, a réagi mercredi soir sur X Fabio Wajngarten, conseiller de M. Bolsonaro, après la divulgation de l'identité présumée de l'assaillant.
"Faire des généralisations et des amalgames relève de la crapulerie et de la persécution"
, a-t-il asséné.

Lula accueillera lundi et mardi à Rio de Janeiro un sommet du G20, réunissant la plupart des dirigeants des principales économies de la planète.

Mercredi, il doit recevoir à Brasilia en visite d'Etat le président chinois.


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