ÉDITION:

Tunisie: maintien en détention de deux figures médiatiques

16:2115/05/2024, Çarşamba
AFP
De gauche à droite, Borhen Bssais et Mourad Zeghidi, tous deux journalistes tunisiens, arrêtés récemment par le gouvernement.
Crédit Photo : Média X / Archive
De gauche à droite, Borhen Bssais et Mourad Zeghidi, tous deux journalistes tunisiens, arrêtés récemment par le gouvernement.

La justice tunisienne a décidé mercredi le maintien en détention jusqu'à leur procès de deux chroniqueurs connus, en garde à vue depuis samedi, pour des déclarations et publications sur les réseaux sociaux, considérées comme critiques du pouvoir, selon leurs avocats et le Parquet.

Un juge d'instruction a placé sous mandats de dépôt Borhen Bssais, présentateur à la télévision et à la radio, et Mourad Zeghidi, commentateur politique, a indiqué mercredi le porte-parole du tribunal de première instance Mohamed Zitouna.


Ils sont poursuivis pour diffusion de
"fausses informations (...) dans le but de diffamer autrui ou porter atteinte à sa réputation",
selon M. Zitouna.

M. Zeghidi se voit reprocher des déclarations médiatiques datant de février 2024 et une publication de soutien à Mohamed Boughalleb, un journaliste emprisonné, critique du président Kaïs Saïed, a indiqué son avocat Ghazi Mrabet.

M. Bssais, présentateur dans des médias privés où intervient M. Zeghidi, a été arrêté pour
"atteinte au président Kaïs Saïed à travers des émissions radio et des déclarations"
sur internet entre 2019 et 2022, selon son avocat Nizar Ayed.

Leur procès a été fixé au 22 mai, selon leurs avocats.


Samedi, Sonia Dahmani, avocate et chroniqueuse, voix critique notoire du président Saïed, avait été arrêtée brutalement par des policiers encagoulés alors qu'elle était réfugiée à la Maison de l'avocat à Tunis. Lundi soir, un autre avocat Mehdi Zagrouba a été interpellé par la force alors qu'il se trouvait dans les mêmes locaux.

En réaction, les avocats se sont mis en grève et ont manifesté leur colère contre une
"magistrature aux ordres"
.

L'Union européenne a exprimé son
"inquiétude"
mardi après cette vague d'arrestations, soulignant que la liberté d'expression et l'indépendance de la justice constituaient le
"socle"
de son partenariat privilégié avec la Tunisie.

Les trois figures médiatiques détenues sont poursuivies en vertu du décret 54, promulgué en septembre 2022 par M. Saïed pour réprimer la diffusion de
"fausses nouvelles"
mais critiqué par les défenseurs des droits car sujet à une interprétation très large.

En un an et demi, plus de 60 personnes, journalistes, avocats et opposants à M. Saïed, ont été poursuivies sur la base de ce texte.

Depuis que le président Saïed, élu démocratiquement en octobre 2019, s'est octroyé les pleins pouvoirs lors d'un coup de force en juillet 2021, des ONG tunisiennes et internationales ont déploré une régression des droits en Tunisie.


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