Crédit Photo : GABRIELA ORAA / AFP
Le président du Venezuela, Nicolas Maduro.
Trois mois après les avoir levées, les États-Unis ont annoncé mardi qu'ils imposeront à nouveau des sanctions contre le secteur pétrolier et gazier du Venezuela, qui a réagi en qualifiant l'annonce de "chantage grossier et injustifié".
Washington juge que le président vénézuélien Nicolas Maduro ne respecte pas ses engagements en vue de la tenue cette année d'une élection présidentielle équitable, après la confirmation vendredi par la Cour suprême de Caracas de l’inéligibilité pour 15 ans de la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado.
"En l'absence de progrès (...), notamment pour permettre à tous les candidats de concourir à l'élection présidentielle, les États-Unis ne renouvelleront pas la licence (autorisant l'achat de pétrole et de gaz) lorsqu'elle arrivera à échéance le 18 avril 2024"
, selon un communiqué du département d'État américain.
Caracas a aussitôt
"rejeté l'ultimatum et le chantage grossier et injustifié lancés par le gouvernement américain".
S'ils font le faux-pas d'intensifier l'agression économique (...) les vols de rapatriement des migrants vénézuéliens seront immédiatement annulés à partir du 13 février (...) et tout mécanisme de coopération existant sera réexaminé.
Le président chaviste du parlement Jorge Rodriguez a annoncé dans la foulée le lancement d'une consultation nationale à partir du 5 février pour établir un calendrier électoral en vue de la présidentielle.
Washington avait affirmé lundi soir qu'il imposerait à nouveau des sanctions à l'encontre de la compagnie publique Minerven, qui exploite des mines d'or, avec entrée en vigueur le 13 février.
Les États-Unis reviennent ainsi sur l'allègement pour six mois de leurs sanctions annoncé dans le sillage de l'accord conclu à la Barbade, le 17 octobre 2023, entre le pouvoir et l'opposition. Caracas et Washington avaient mis en place des vols de rapatriement de migrants juste après l'accord.
L'accord de la Barbade fixait la date de la présidentielle au deuxième semestre 2024 avec la présence d'observateurs internationaux. Il ouvrait aussi la possibilité pour ceux
"aspirant à se présenter"
de contester devant la justice leur inéligibilité. Parmi eux, Mme Machado, déclarée inéligible notamment pour avoir soutenu les sanctions américaines.
L'opposition et Washington espéraient que cette procédure permettrait à Mme Machado de se présenter mais la Cour suprême, accusée d'être aux ordres du pouvoir, a confirmé le 26 janvier son inéligibilité.
Le ministère des Affaires étrangères a réagi:
Le Venezuela ne cédera à aucun chantage. Ses institutions continueront à respecter les lois et la Constitution, conformément au mandat reçu par le peuple.
Le ministre du Pétrole Pedro Tellechea a assuré que son pays était
"préparé à toutes les circonstances.
S'ils nous imposent plus de sanctions, nous nous préparerons aux mesures prises par les États-Unis qui en subiront aussi les conséquences.
Pas
a lancé lundi Mme Machado. Âgée de 56 ans, cette libérale a remporté haut la main en octobre la primaire de l'opposition, recueillant plus de deux millions de voix et 92% des suffrages.
L'accord de la Barbade
"reste le mécanisme le plus viable"
pour résoudre la crise au Venezuela, a estimé le département d'État mardi,
que Caracas
"respecte la feuille de route"
et que
"l'opposition ait le droit de choisir librement ses candidats".
Un peu plus tard, le Département d'État a souligné que le Venezuela pouvait encore éviter les sanctions:
"Il est encore temps pour le régime de Maduro de changer de cap (...) Nous espérons que c'est ce qu'ils feront, mais s'ils ne le font pas, nous sommes prêts à appliquer nos sanctions".
"Mme Machado peut gagner la présidentielle contre Maduro sans aucun problème. C'est pour cela que le pouvoir veut l'écarter"
, estime Benigno Alarcon, de l'Université catholique Andres Bello.
"Si le gouvernement américain perçoit qu'il n'obtiendra rien lors des négociations (...) les sanctions seront rétablies et les liquidités du gouvernement (vénézuélien) se réduiront de manière très significative. Cela aura des conséquences sociales, économiques et politiques"
, estime-t-il.
La levée des sanctions pour six mois a permis le retour à l'activité de l'américain Chevron et de compagnies européennes mais
"les gros investissements ne viendront pas tant que la situation politique n'est pas définie".
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