Le Brésil octroie des champs pétroliers près de l'embouchure de l'Amazone

11:2418/06/2025, mercredi
AFP
Brasília attribue des blocs pétroliers à des géants mondiaux dans une zone écologiquement sensible, suscitant l’indignation des ONG.
Crédit Photo : Mauro Pimentel / AFP
Brasília attribue des blocs pétroliers à des géants mondiaux dans une zone écologiquement sensible, suscitant l’indignation des ONG.

Le Brésil a attribué mardi la concession de champs pétroliers situés à proximité de l'embouchure de l'Amazone à quatre multinationales, lors d'enchères dénoncées par les écologistes, alors que le pays s'apprête à accueillir la COP30 en novembre.

Sur les 47 blocs proposés par l'Agence nationale du pétrole (ANP) dans le
"bassin de l'embouchure de l'Amazone"
, 19 ont trouvé preneurs, générant 844 millions de réais (environ 153 millions de dollars). Deux consortiums se sont partagé ces blocs : le premier réunit Petrobras et ExxonMobil, le second, Chevron et le groupe étatique chinois CNPC.

Avant tout forage, les entreprises devront obtenir les licences environnementales nécessaires, un processus long et complexe. Plusieurs pays voisins, tels que le Suriname et le Guyana, ont déjà lancé des explorations similaires.


Une “nouvelle frontière” énergétique à haut risque


La zone se situe à l'embouchure du fleuve Amazone, au cœur de la plus grande forêt tropicale du monde, un puits de carbone vital dans la lutte contre le réchauffement climatique.

"C’est alarmant que plus de 40 % des blocs offerts aient trouvé preneurs"
, a réagi Mariana Andrade de Greenpeace Brésil, estimant que Petrobras, en s’associant à ExxonMobil, compromettait
"la crédibilité environnementale du Brésil".

Une centaine de manifestants, dont des autochtones en habits traditionnels, ont protesté devant l’hôtel de Rio de Janeiro où se déroulaient les enchères. Une banderole du collectif Arayara proclamait:
"Arrêtez les enchères du Jugement dernier".

Le ministère public fédéral avait d’ailleurs demandé la suspension de la vente, évoquant une violation des obligations climatiques et l'absence d'études adéquates sur les impacts environnementaux.

Entre contradiction politique et ambitions énergétiques


Le géant Petrobras attend toujours le feu vert de l’organisme environnemental Ibama pour un projet d’exploration attribué en 2013 dans cette même région.

Bien que se positionnant en champion de la lutte climatique, le président Luiz Inacio Lula da Silva s’est dit favorable à ce développement:
"Cette richesse va nous aider à faire la transition énergétique"
, a-t-il déclaré en février, tout en promettant d’éviter tout
"dommage à l’environnement".

Pourtant, WWF Brésil a critiqué cette position:
"Le Brésil dispose déjà de réserves suffisantes pour couvrir ses besoins internes dans une transition progressive. La crise climatique requiert des décisions tournées vers l’avenir, non vers le passé"
.

Au total, seuls 34 blocs sur 172 proposés dans tout le pays ont trouvé preneurs mardi, rapportant 989 millions de réais (environ 180 millions de dollars) au gouvernement brésilien. Plus de 1,4 milliard de réais (environ 260 millions de dollars) d’investissements sont prévus pour l’exploration de ces champs.

"Ce résultat démontre la forte confiance des investisseurs dans le potentiel pétrolier du Brésil"
, a déclaré Patricia Baran, directrice de l’ANP. Le pays vise une production de 5,3 millions de barils/jour d’ici 2030, contre 4,68 millions en avril dernier.

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