L'Afghanistan n'est pas la première destination touristique à laquelle on songe, pourtant de plus en plus d'étrangers s'aventurent dans le pays des Taliban, franchissant ses checkpoints comme ses cols de montagne, parcourant ses steppes.
Rencontrés à Mazar-e-Sharif, le Français Didier Goudant et l'Américain Oscar Wells viennent de découvrir la Mosquée bleue, joyau du XVe siècle en faïences éclatantes de la grande ville du Nord.
Ils ont aussi visité ce qu'il reste des sites de cette province de Balkh au passé illustre, vêtus du shalwar kameez, la tunique afghane et son pantalon bouffant, et coiffés du pakol en feutre.
Il doit s'enregistrer auprès des autorités à l'arrivée dans chaque province et respecter un strict code vestimentaire. Il s'expose à des fouilles d'hommes armés de kalachnikovs aux innombrables checkpoints.
Plus que celle d'enlèvements, persiste la menace d'attentats du groupe terroriste Daesh, même si la sécurité est globalement revenue après le retour des Taliban au pouvoir en août 2021.
L'attrait de l'Afghanistan réside dans la beauté sauvage et rude de ses paysages, leur lumière, et le contact avec une population à l'hospitalité légendaire.
"Mauvaise image"
Les deux voyageurs viennent de skier à Bamiyan (centre) avec des villageois, une semaine organisée par Untamed Borders, une agence britannique qui a amené une centaine de touristes l'an dernier en Afghanistan.
Kaboul vient de rouvrir un Institut du tourisme et de la gestion hôtelière.
"Voyage solo"
L'insécurité inquiétait Nayuree Chainton, une Thaïlandaise de 45 ans propriétaire d'une agence de voyage à Bangkok. Elle est venue sonder le terrain afghan, avec un groupe de compatriotes.
A notre retour nous ferons la promotion de l'Afghanistan.
Y compris des femmes.
Stefanie Meier, une Américaine de 53 ans, a voyagé un mois, sans encombre, de Kaboul à Kandahar (sud), en passant par Bamiyan puis Hérat (ouest).
"Petits budgets"
Les réseaux sociaux, notamment WhatsApp, fournissent une aide précieuse aux touristes voyageant seuls et avec de petits budgets.
Très actif, le groupe Afghanistan Travel Experience, rassemble plus de 600 routards -- mexicains, canadiens, indiens, australiens ou italiens -- déjà sur place ou en partance.
Ils échangent des tuyaux sur l'état des routes, la sécurité, le prix des taxis partagés. Ils cherchent des compagnons de voyage ou un hôtel bon marché, si possible avec de l'eau chaude.
Ces routards préfèrent l'autocar aux avions qui desservent les grandes villes et ne reculent pas devant les 20 heures de trajet entre Kaboul et Hérat, à 850 km.
De même, pour visiter les majestueuses vallées de Bamiyan -- première destination touristique -- où les niches vides des bouddhas géants dynamités par les Taliban en 2001 exercent une attraction quasi hypnotique, il n'y a que la route : quatre ou cinq heures depuis Kaboul.
Sur le groupe WhatsApp, parfois les questions sont inattendues.
Alberto veut savoir si c'est "haram" (interdit) de voyager avec son chien, et Soo s'il y a un espace de co-working à Mazar-e-Sharif.