L'ONU relance la COP16 à Rome pour débloquer le financement de la biodiversité

La rédaction avec
10:1625/02/2025, вторник
AFP
La ministre colombienne de l'Environnement et présidente de la COP16, Susana Muhamad.
Crédit Photo : Luis ACOSTA / AFP / Archive
La ministre colombienne de l'Environnement et présidente de la COP16, Susana Muhamad.

La COP16, grande conférence environnementale des Nations Unies sur la biodiversité, entame mardi trois jours de prolongations à Rome pour tenter de débloquer les tensions entre le Nord et le Sud sur le financement de la sauvegarde de la nature, quatre mois après l'échec des négociations en Colombie.

"L'évolution des rapports de force en géopolitique, mais aussi les contraintes que les conflits armés font peser sur les finances des pays"
sont responsables de la
"polarisation"
du monde sur cette question, a averti lundi la présidente colombienne du sommet, Susana Muhamad.

Malgré ce contexte,
"nous pouvons nous accorder sur des choses fondamentales"
, notamment
"protéger la vie en plein milieu des crises climatiques et de la nature"
, a-t-elle déclaré.

En novembre dernier, la 16e conférence de la Convention sur la diversité biologique (CDB) s'était achevée à Cali sans parvenir à résoudre une vive dispute entre les pays riches et en développement sur le financement de la protection de la nature d'ici 2030.

Cet objectif, fixé en 2022 dans l'accord de Kunming-Montréal, prévoit 23 cibles à atteindre pour préserver la planète et ses êtres vivants contre la déforestation, la surexploitation des ressources, le changement climatique, la pollution et les espèces invasives.


Un objectif majeur consiste à placer 30 % des terres et des mers sous protection d'ici 2030, contre environ 17 % et 8 % actuellement selon l'ONU.


Un échec de ce programme mettrait en péril les ressources alimentaires mondiales, la qualité de l'air, la régulation du climat et la santé des écosystèmes. Actuellement, trois quarts des terres émergées ont déjà été altérées par l'Homme et un quart des espèces documentées sont menacées d'extinction.


Dans ce contexte géopolitique tendu, 154 des 196 pays signataires de la CDB, dont 25 représentés au niveau ministériel, se retrouvent jusqu'à jeudi au siège de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Rome pour poursuivre les discussions.


Vers un nouveau fonds ?


L'accord de Kunming-Montréal fixe un objectif mondial de 200 milliards de dollars de dépenses annuelles pour la biodiversité d'ici 2030, dont 30 milliards de dollars de transferts des pays développés vers les pays en développement, contre environ 15 milliards en 2022 selon l'OCDE.


Un point de friction majeur réside dans la manière de mobiliser et de répartir ces fonds. Lors de la réunion de Cali, un texte proposait la création d'un nouveau fonds, exigé par les pays africains, pour canaliser les financements des grandes puissances.

Cependant, l'Union européenne, le Japon et le Canada s'y opposent fermement, arguant que cela fragmenterait davantage l'aide au développement, déjà fragilisée par les crises budgétaires et l'absence de soutien des États-Unis, non-signataires de la convention.


Vendredi, la présidence de la COP16 a publié un texte cherchant un compromis entre les exigences des différents blocs. Il propose une réforme des flux financiers d'ici 2030, améliorant les performances du Fonds mondial pour l'Environnement (GEF) et du Fonds-cadre mondial pour la biodiversité (GBFF), adopté en 2022 avec un financement initial de 400 millions de dollars.


Le document ouvre également la porte à la création d'un nouvel
"instrument mondial"
ou d'une série d'instruments financiers sous l'autorité de la CDB, une demande clé des pays en développement pour assurer plus d'équité et de transparence.

Reste à savoir si cette proposition aboutira à un nouveau fonds, ce qui braquerait les pays riches, ou si une simple réforme des mécanismes existants suffira. Réponse attendue jeudi, voire vendredi si les discussions se prolongent.


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