Najin et Fatu, dernières représentantes des rhinocéros blancs du Nord

La rédaction avec
13:2820/02/2025, Perşembe
AFP
Zacharia Mutai, soigneur en chef à Ol Pejeta, nourrit les derniers rhinocéros blancs du Nord, Najin et Fatu dans le comté de Laikipia au Kenya, le 20 février 2025.
Crédit Photo : SIMON MAINA / AFP / Archive
Zacharia Mutai, soigneur en chef à Ol Pejeta, nourrit les derniers rhinocéros blancs du Nord, Najin et Fatu dans le comté de Laikipia au Kenya, le 20 février 2025.

Najin est bien seule ces jours-ci, sa fille rebelle lui préférant sa meilleure amie. C’est le lot de nombreux parents, mais la mère rhinocéros a une raison impérieuse de vouloir garder son enfant près d’elle: elles sont les dernières représentantes de leur espèce encore sur Terre.

Les rhinocéros blancs du Nord sont considérés comme techniquement éteints depuis la mort, en 2018, de Sudan, le dernier mâle de la sous-espèce - père de Najin et grand-père de Fatu.


Début février, l'AFP a rencontré les deux femelles dans leur enclos de la réserve d'Ol Pejeta au Kenya, surveillé 24h/24.


Najin, la mère solitaire


Najin et sa fille sont toutes deux nées en captivité dans un zoo de République tchèque avant d'être transférées à Ol Pejeta en 2009.


La mère souffre de problèmes de genoux dus à son long séjour en captivité et sa corne tombe vers l’avant. Elle est également sujette à des crises de flatulences. Âgée de 35 ans, on lui attribue une espérance de vie de cinq à dix ans supplémentaires.

"Je commence à m'inquiéter"
, confie Zacharia Mutai, responsable des soins des deux rhinocéros, avec qui il passe 12 heures par jour.

"Elles ont des personnalités différentes, tout comme les êtres humains"
, observe-t-il, en ajoutant que Najin, toujours très calme, est sa
"préférée"
. Curieuse, elle a aussi décidé d'inspecter un trépied d’appareil photo, faisant fuir les journalistes de l’AFP.

Najin a également examiné une voiture garée à proximité dans son enceinte de près de 3 kilomètres carrés.


Les rhinocéros sont surveillés en permanence, notamment depuis une tour de guet, entourées de gardes armés et de chiens renifleurs pour dissuader les braconniers. Il n'y a eu aucun braconnage à Ol Pejeta depuis sept ans, précise Zacharia Mutai. Les seuls intrus de l'enclos sont quelques antilopes ayant sauté par-dessus la clôture et quelques phacochères errants. Mais lorsque Zacharia Mutai n’est pas là, Najin semble seule la plupart du temps.

Fatu, l'adolescente bougonne


Née en 2000, Fatu était beaucoup plus jeune lors de son arrivée à Ol Pejeta et a davantage profité de la vie sauvage que sa mère. Fatu passe presque tout son temps avec Tawu, une femelle rhinocéros blanc du Sud, sauvage, introduite dans la réserve pour lui montrer le comportement naturel d’un rhinocéros non né en captivité.


Les rhinocéros blancs du Sud, une sous-espèce proche de celle de Fatu, ont frôlé l’extinction au XIXe siècle, mais aujourd'hui, plus de 15 000 spécimens ont survécu grâce à des programmes de conservation intensifs.

Les deux sous-espèces se ressemblent -toutes deux sont grises, et non blanches- mais les rhinocéros du Nord sont plus petits, avec des oreilles plus duveteuses et une queue légèrement plus longue.


Fatu, qui fêtera ses 25 ans en juin, était au départ facile à gérer. Mais elle est devenue
"un peu grincheuse"
et
"se comporte un peu comme une adolescente humaine"
, explique M. Mutai. Parfois, elle essaie de se battre contre sa mère, obligeant les gardes à lui couper la corne pour éviter qu’elle ne blesse Najin.

Le destin de son espèce semble peser sur ses épaules. Fatu a déjà tenté de s’accoupler, mais un problème d’utérus l’a empêchée de se reproduire. Cependant, contrairement à sa mère, elle dispose encore d'ovules viables que des scientifiques du projet BioRescue tentent de féconder avec du sperme de mâles morts.


À chaque prélèvement d’ovules, le farouche mammifère doit être complètement anesthésié. Cela a eu lieu plus de 20 fois, ce qui fait probablement de Fatu le rhinocéros le plus anesthésié de l’histoire. Mais elle reste en parfaite santé, assure Jan Stejskal, coordinateur du projet BioRescue.


Les scientifiques prévoient d'implanter pour la première fois cette année des embryons de rhinocéros blanc du Nord dans une mère porteuse - un rhinocéros blanc du Sud.


En cas de succès, Fatu et Najin auront une nouvelle responsabilité: montrer au bébé comment se comporter en rhinocéros blanc du Nord, avant que cette espèce ne disparaisse.

C’est une
"énorme responsabilité"
, conclut M. Mutai, ajoutant:
"Je pense que nous allons réussir".

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