AES: création de la Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement, des experts y réfléchissent

La rédaction
09:568/08/2025, vendredi
Yeni Şafak

La Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel mûrit progressivement son projet de mise en place d'une banque confédérale. Du 21 au 23 juillet 2025, l’organisation a réuni dans la capitale nigérienne des experts pour réfléchir aux modalités de réalisation du projet. De nombreux acteurs de ce nouvel espace communautaire se félicitent de ce projet en y saluant surtout, un levier stratégique pour renforcer la souveraineté économique et aboutir, à terme, à une monnaie propre à l’AES.

Pendant trois jours, des dizaines d’experts de l’Alliance des Etats du Sahel ont apporté leurs contributions au projet de création d’une Banque d’investissement et de développement, commune au Burkina Faso, au Mali et au Niger.


Cette institution financière en projet vise à reprendre la main sur les investissements dans les priorités de développement.


Selon de nombreux analystes, c’est une initiative très ambitieuse mais dont les défis sont énormes.


Issoufou Boubacar Kado, un consultant nigérien en finances publiques, relève un écueil de taille. Il estime que BCID – AES seront plombés à la naissance si les trois pays restent dans l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (Uémoa) et continuent d’utiliser le Franc CFA. Il rappelle que toutes les transactions que font les pays de l’Uémoa passent par la Banque de France parce que c’est Paris qui gère le Franc CFA. Le financier appelle donc les pays de l’AES à clarifier cette situation avant de concrétiser le projet.


Un obstacle certes, mais pour l’économiste de développement Abdoul Moumouni Tawey, les pays de l’Alliance des Etats du Sahel doivent accélérer la cadence pour prendre en main leur politique de développement. Il donne l’exemple du Niger qui était allé chercher des financements sur les marchés internationaux pour renforcer sa production d’électricité.


"On a imposé un ‘’non absolu’’ à nos autorités au motif que le projet qu’elles voulaient financer n’est pas décarboné. Là, on voit que ceux qui possèdent l’argent ont décidé de ne plus investir dans une économie carboné. Si nos pays avaient leurs propres moyens, ils allaient se financer sans attendre d’autres qui viendront leur dire ce qu’ils sont d’accord pour financer"
, raconte M. Tawey.

Il ajoute que l’autre inconvénient avec les bailleurs de fonds, c’est qu’ils imposent comment les financements qu’ils octroient doivent être utilisés.
"Ils ont leurs objectifs à eux, qui ne sont pas forcément les mêmes que nous"
, se plaint-il. Pour finir, l’économiste du développement plaide pour que la Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement de l'AES voit rapidement le jour.

Pour le moment, les dirigeants de l’Alliance évoluent progressivement. En Mai 2025, il y a eu à Bamako au Mali, la pose de la première pierre pour la construction de la BCID-AES. La Banque devrait avoir un capital initial de 500 milliards de FCFA soit environ 762 millions d'euros.


Par Ulrich Yasser

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