À Gaza, les Palestiniens partagés entre espoir et désespoir après la reconnaissance de leur État par l’Occident

La rédaction avec
17:2022/09/2025, lundi
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Des Palestiniens déplacés font la queue pour obtenir de l'eau dans le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 21 septembre 2025.
Crédit Photo : Eyad BABA / AFP
Des Palestiniens déplacés font la queue pour obtenir de l'eau dans le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 21 septembre 2025.

Pour de nombreux Palestiniens déplacés par la guerre d’Israël contre Gaza, la reconnaissance tant attendue de la Palestine par plusieurs pays occidentaux suscite à la fois une joie prudente et une profonde méfiance.

Certains considèrent la décision de pays historiquement proches d’Israël comme “une victoire historique”, tandis que d’autres estiment qu’elle n’allègera en rien la faim, les destructions et la mort qui rythment leur quotidien.


Ces dernières semaines, des familles en fuite depuis Gaza-Ville ont raconté un cycle sans fin de déplacements forcés, avançant sous le feu en poussant des charrettes, à vélo ou à pied sur des kilomètres.


Le long de la rue Al-Rashid, où des foules de civils épuisés poursuivent leur marche vers le sud, beaucoup placent leur dernier espoir dans l’élan diplomatique qui pourrait, peut-être, mettre fin aux massacres.


L’annonce de cette reconnaissance, faite dimanche en amont de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, porte à 153 le nombre d’États membres de l’ONU reconnaissant officiellement la Palestine, un rêve proclamé pour la première fois par Yasser Arafat en 1988.


Une victoire


Salah Nassar, un vieil homme de Jabalia déraciné sept fois en deux ans, s’est assis sous le soleil après une nouvelle marche forcée.
"La Grande-Bretagne, le Canada et l’Australie ont toujours soutenu Israël. Les voir nous reconnaître aujourd’hui est une grande victoire pour notre cause"
, a-t-il confié à Anadolu.

Il décrit chacun de ses déplacements comme “un voyage de tourments et de mort”, marqué par la fuite d’un camp à l’autre sous un bombardement incessant.


"Le monde entier doit reconnaître la Palestine. Notre terre et notre peuple existent pour les générations à venir."

D’autres Gazaouis soulignent que cette décision, même tardive, reste porteuse de sens.
"Cette reconnaissance est un droit légal au regard du droit international. Elle est arrivée tard, mais elle compte"
, a déclaré Ghazi Al-Hattab, 48 ans, originaire de Shujaiya.

Contraint de fuir à vélo faute de pouvoir payer les milliers de dollars exigés pour un transport, Al-Hattab croit encore que ce geste diplomatique pourrait “ amorcer la fin de la guerre “ et ouvrir la voie à un État palestinien indépendant.


Rien ne change


Mais beaucoup restent sceptiques. Um Khaled Al-Shanti, en route vers le sud après avoir quitté le camp d’Al-Shati, a minimisé l’impact de cette reconnaissance.
"Nous vivons sous cette guerre depuis deux ans. Notre peuple est brisé. Nous n’avons pas d’avenir. Cette décision ne changera pas notre réalité"
, a-t-elle déclaré.

Elle a dénoncé le silence des pays arabes et ce qu’elle appelle “le symbolisme creux” de l’Europe.
"Personne ne s’est tenu à nos côtés tandis que nous sortions des décombres sous des bombardements constants"
, a-t-elle ajouté.

Depuis le 7 octobre 2023, Israël mène un génocide à Gaza qui a déjà tué plus de 65 300 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants. L’offensive a provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes, tandis que le blocus de l’aide humanitaire a entraîné une famine ayant causé la mort d’au moins 442 Palestiniens, dont 147 enfants.


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