ÉDITION:

Au Bourget, l'industrie de défense turque affiche ses ambitions

La rédaction
10:0821/06/2023, mercredi
AFP
L' avion de combat léger (LCA) et d'entraînement militaire avancé, monoréacteur, biplace en tandem, et supersonique développé par Turkish Aerospace Industries (TAI), Hürjet. Crédit photo: GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
L' avion de combat léger (LCA) et d'entraînement militaire avancé, monoréacteur, biplace en tandem, et supersonique développé par Turkish Aerospace Industries (TAI), Hürjet. Crédit photo: GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Les fabricants turcs de matériel de défense sont massivement présents à l'édition 2023 du salon international aéronautique et de l'espace à l'aéroport de Paris-Le Bourget, le premier en quatre ans, les conflits récents, notamment l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ayant mis en lumière les armes désormais convoitées du pays.

L'entreprise publique Turkish Aerospace Industries (TAI) est la plus visible: son vaste stand, devant lequel sont exposés sur le tarmac des drones armés, des hélicoptères et un avion d'entraînement récemment mis au point, se trouve à quelques pas de poids lourds comme Airbus et Boeing.


Des délégations militaires à la mine austère, dont un groupe de Brésiliens, ont été vues en train de faire le tour des appareils, tandis que des curieux prenaient des photos des drones chargés de bombes et de missiles.


En tant qu'exportateur d'armes, la Türkiye
"bénéficie d'une image de troisième voie: politiquement moins restrictive que les systèmes occidentaux, mais plus neutre que l'achat de produits russes, chinois ou iraniens, tout en garantissant une qualité satisfaisante"
, a relevé Léo Peria-Peigne, chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI), dans un récent article.

Les drones armés figurent parmi les produits les plus recherchés du pays, notamment le TB-2 Bayraktar produit par l'entreprise privée Baykar.

Le drone a été médiatisé l'année dernière pour son rôle dans les premières phases de la défense de l'Ukraine contre l'invasion russe et a été acheté par une dizaine d'armées, selon le Military Balance de l'International Institute for Strategic Studies (IISS).


À l'instar de Baykar, les véhicules aériens sans pilote (UAV) de TAI ont été vendus ces dernières années dans le monde entier, notamment au Kazakhstan, au Kirghizstan, à la Malaisie, à l'Algérie et à la Tunisie, selon les données de l'organisme de surveillance du commerce des armes SIPRI.

Pour les drones,
"l'intérêt vient aujourd'hui principalement d'Afrique"
, où les pays veulent les utiliser pour
"lutter contre le terrorisme"
, explique à l'AFP, Ömer Yıldız, responsable des drones à TAI.

L'entreprise s'efforce de montrer des utilisations moins belliqueuses de ses drones, en soulignant leur utilisation pour rétablir la couverture de téléphonie mobile dans certaines zones après le violent séisme en Türkiye et en Syrie en février.


Leurs radars ont également été utilisés pour repérer les mines russes et ukrainiennes qui menacent la navigation commerciale en mer Noire depuis le déclenchement de la guerre.


"Subventions industrielles"


Yıldız, de TAI, montre un modèle réduit de la dernière version du drone Anka, un appareil à aile delta qui ressemble davantage à un bombardier furtif américain qu'à son encombrant prédécesseur à hélice.


Avec sa propulsion à réaction, sa charge utile plus importante et d'autres capacités améliorées, le drone
"vise à prendre en charge les missions air-sol de l'avion de chasse américain F-16"
, dit-il.

Le drone radio-commandé à grande vitesse, propulsé par un turboréacteur, TAI Super Şimşek. Crédit photo: GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Le remplacement de la technologie occidentale par des armes fabriquées localement renvoie aux origines de l'industrie nationale de défense turque, qu'Ankara a encouragée depuis l'embargo sur les armes décrété par les États-Unis dans les années 1970.


La montée en puissance du secteur est assurée
"par une politique de subventions industrielles très agressive, exigeant un fort retour sur investissement sous forme de transfert de technologie, de développement de la production locale ou de partenariats avec de grands groupes industriels occidentaux"
, observe Peria-Peigne de l'IFRI.

Le refus des États-Unis de vendre à la Türkiye, alliée de l'OTAN, des avions de combat F-35, après qu'Ankara a acheté des systèmes antiaériens à la Russie n'a fait que renforcer cette tendance.



Sur un autre stand du Bourget, Ruşen Kömürcü, secrétaire général de l'Association des fabricants turcs de l'industrie de la défense et de l'aérospatiale (SASAD), souligne les statistiques du secteur: 100.000 emplois et 10 milliards de dollars de revenus, dont 4,4 milliards de dollars d'exportations.


En Türkiye
"on trouve du bon matériel à un bon prix"
, résume-t-il.

10 milliards de dollars à l'horizon


Dans une pièce confortable située derrière le stand hérissé de maquettes d'explosifs guidés de l'entreprise publique Roketsan, productrice de missiles et des fusées, Mustafa Odabaş, le directeur du marketing, abonde dans ce sens.


Alors que nous développons de nouveaux systèmes pour répondre aux besoins des forces armées turques, nos ventes augmentent.

"Nous avons maintenant la capacité"
de fournir
"des missiles de précision, des missiles de croisière, des missiles à longue portée"
qui ont attiré des clients à travers le Moyen-Orient et en particulier dans la région du Golfe, met en avant Odabaş.

Les ventes de drones Baykar et TAI ont permis à Roketsan de gagner des clients en Afrique et même en Europe.


Dans le réseau mondial complexe de l'industrie de défense, Roketsan est le seul fabricant de certaines pièces utilisées dans les missiles antiaériens Patriot de Raytheon récemment livrés à l'Ukraine, tout comme TAI fabrique des composants pour les avions de l'Otan tels que le transporteur A400M d'Airbus.

Concernant l'avenir de leurs produits Odabaş estime ce qui suit:


50% de nos ventes devraient provenir des exportations. Je pense que cela pourrait même être davantage.

Le chef de la SASAD, Kömürcü, s'attend à ce que, dans les prochaines années,
"de plus en plus d'armes turques soient destinées à l'exportation, et peut-être que 10 milliards de dollars ne sont pas loin de notre horizon"
.

La Türkiye se rapprocherait donc d'un des principaux pays exportateurs, la France, qui a vendu pour 11,7 milliards d'euros d'armes à l'étranger en 2021, selon les chiffres du gouvernement.


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