A 2.040 mètres d'altitude, 350 ouvriers s'activent sur un chantier spectaculaire, symbole d'une Autriche dépendante de l'hydraulique qui doit s'adapter au réchauffement climatique.
Ils construisent dans la montagne une nouvelle centrale capable de stocker de l'énergie au-dessus du village salzbourgeois de Kaprun, à une altitude sauvage et inhospitalière, même en été.
Au pied de la statue de Sainte-Barbe, patronne des métiers dangereux, on vient de fêter la fin des lourds travaux d'excavation dans des tunnels oppressants, vibrant du va-et-vient des camions.
La hausse des températures provoque en outre de la sécheresse et accélère la fonte de neige ou de glace, menaçant l'approvisionnement des rivières.
D'où ce projet gigantesque de centrale à accumulation, capable de produire à la demande grâce à des réserves d'énergie.
Exportateur devenu importateur
A l'autre bout du pays, le site de Freudenau sur le Danube viennois alimente plus de 240.000 ménages. Lui fonctionne au fil de l'eau, au gré des débits des rivières.
Autant d'installations qui n'émettent pas de CO2 lors de l'utilisation et font la fierté de l'Autriche, même si leur impact sur les écosystèmes n'est pas négligeable et est régulièrement dénoncé par les défenseurs de l'environnement.
Exploitant la quasi totalité de ses cours d'eau avec plus de 3.100 barrages, le pays tire plus de 60% de sa production électrique de cette source d'énergie renouvelable, contre 16% dans le monde en moyenne.
Pour la première fois l'an dernier, ce pays prospère - qui tente par ailleurs difficilement de renoncer à l'approvisionnement en gaz russe - a dû se résoudre à... importer de l'électricité, un vrai signal d'alarme.
Diversification
Si l'eau restera le coeur de notre activité, nous avons aussi maintenant du photovoltaïque et de l'éolien.
Pour un pays hostile au nucléaire qui avait tout misé sur une ressource paraissant inépuisable et vise le 100% d'électricité renouvelable d'ici à 2030, leur développement est un casse-tête.
Mais la production est trop faible en hiver, justement quand on en a besoin pour chauffer.
Habituée à l'image d'Epinal d'une eau cristalline coulant en abondance dans de vertes prairies, l'Autriche se tourne tardivement vers le vent et le soleil, qui représentent 13% seulement de son paquet énergétique.