
Les cahiers de doléances ouverts lors de la crise des Gilets jaunes en 2018-2019 restent sans suite, archivés dans différents départements du pays, rapporte ce mardi La Voix du Nord.
Les doléances reflétaient une France en crise : retraite à 60 ans, référendum d'initiative citoyenne, rétablissement de l'impôt sur la fortune, suppression du Sénat, baisse de l'immigration, amélioration du pouvoir d'achat ou encore accès à un logement décent. D'autres témoignages faisaient état de préoccupations plus quotidiennes : un habitant de Vaulx-en-Velin (Rhône) dénonçait ainsi la prolifération d'excréments de chiens sur les trottoirs, rendant la circulation des poussettes difficile.
À ce jour, ces cahiers de doléances dorment dans les archives, sans qu'aucune annonce officielle ne vienne répondre aux préoccupations qu'ils renferment. Une mémoire oubliée d'une colère toujours présente.
Mouvement des Gilets jaunes : déclenchement, blessures, mesures gouvernementales et déclin
Pour rappel, le mouvement des Gilets jaunes a débuté en novembre 2018, initialement en réaction à l'annonce par le gouvernement d'Édouard Philippe de l'augmentation de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), intégrant une composante carbone. Cette hausse devait entraîner une augmentation des prix des carburants à la pompe, notamment du gazole, ce qui a suscité une vive opposition, particulièrement de la part des automobilistes ruraux dépendant de leur véhicule pour leurs déplacements quotidiens.
Les manifestations hebdomadaires qui ont suivi ont souvent conduit à des affrontements violents entre manifestants et forces de l'ordre. Plusieurs milliers de personnes ont été blessées lors de ces manifestations, tant du côté des manifestants que des forces de l'ordre.
Face à l'ampleur de la contestation, le gouvernement a annoncé des mesures économiques totalisant environ 17 milliards d'euros. En décembre 2018, une loi portant mesures d'urgence économiques et sociales a été adoptée, incluant une prime exceptionnelle de pouvoir d'achat, l'anticipation de l'exonération des heures supplémentaires et le rétablissement du taux réduit de la CSG (Contribution sociale généralisée) pour certains retraités.
Le mouvement a progressivement perdu de son ampleur à partir de la mi-2019. Plusieurs facteurs ont contribué à cet essoufflement, notamment la fatigue des manifestants, les divisions internes, la réponse sévère des autorités et les concessions économiques du gouvernement.
De plus, l'attention médiatique et publique s'est tournée vers d'autres sujets, contribuant à la diminution de la mobilisation. Néanmoins, les revendications portées par les Gilets jaunes continuent de résonner dans le débat public, témoignant des fractures sociales persistantes en France.