L'ancien Premier ministre de France, Dominique de Villepin.
L'ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, a estimé lundi que le président Emmanuel Macron avait "eu tort" en choisissant de déterminer lui-même "ce qui était susceptible d'être le meilleur scénario pour durer", en rapport à la nomination de Michel Barnier à Matignon.
Interrogé par David Pujadas sur LCI sur la nomination de Barnier, de Villepin a répondu:
"C'est un homme de qualité, c'est un homme de compétence. Il a une expérience locale et une expérience nationale et il a aussi l'expérience de la négociation".
"Ce qui me paraît important, c'est qu'il dessine aujourd'hui une sorte de portrait chinois qui est exactement le double inversé du président de la République et ça c'est assez habile"
, a-t-il ajouté.
Et d'expliquer: C'est
"un homme qui écoute, un homme qui dialogue, un homme qui sait faire des compromis, un homme qui a du respect pour chacun des citoyens, donc il apporte un équilibre".
Notant que Barnier
"arrive dans des circonstances difficiles"
, Dominique de Villepin décrit
"une situation bloquée", "faussée par ces choix faits par le président de la République"
et
"inouïe sur le plan de la démocratie".
"Voilà Michel Barnier issu d'un parti, Les Républicains, qui a fait 5,4% au premier tour des législatives, qui a 47 députés, qui est soutenu (...) par le parti présidentiel - parti présidentiel qui a été rejeté, battu, par les Français - et il est soutenu (...) du rassemblement national qui a été rejeté par les deux tiers des Français au second tour des législatives"
, a-t-il soutenu.
De Villepin considère que Macron
"n'a pas pris acte" des
résultats des législatives,
"alors que c'aurait été manifestement la solution la plus simple, la plus comprise par les Français. Il a choisi de négocier lui-même, il a choisi de s'engager de façon à lui-même déterminer - plus ou moins indirectement en liaison avec les groupes parlementaires - ce qui était susceptible d'être le meilleur scénario pour durer".
Et d'insister:
Je pense qu'il a eu tort.
"Il a fait des choix par élimination (...) La vraie question qu'on peut se poser, c'est est-ce qu'il élimine parce qu'il a peur qu'il (le Premier ministre potentiel, NDLR) ne parvienne pas à former un gouvernement ou parce qu'il a peur qu'il réussisse, c'est à dire mettre en place une politique qui aurait détricoté la sienne",
a-t-il encore déclaré.
Michel Barnier
"a deux défis: renforcer sa crédibilité et sa légitimité alors qu'il a été nommé par le président et qu'il n'a pas de majorité au Parlement"
et faire face à
"l'enjeu budgétaire"
, a résumé l'ancien Premier ministre sous Jacques Chirac.
"Les Français veulent une alternative politique à la politique qui a été conduite par Emmanuel Macron, et si d'une façon déguisée, ceux qui ont gouverné reviennent par la fenêtre, je crois qu'alors le malentendu risque d'être extrêmement fort"
, a-t-il jugé.
La France est en colère.
"La France a voté pour le front républicain et donc là aujourd'hui, elle est prise à contre-pieds par les choix qui sont faits puisqu'elle se retrouve avec un gouvernement dont il apparaît que peu ou prou, il sera sous la dépendance ou sous l'influence et du président de la République et du Rassemblement national. Michel Barnier a besoin de se dégager de ces baisers mortels qui risquent de l'étouffer"
, a conclu Dominique de Villepin.
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