En Thaïlande, un énième épisode sévère de pollution atmosphérique a rattrapé les partis politiques en campagne pour les élections législatives de dimanche, forcés de développer leurs idées pour lutter contre ce problème de santé publique majeur pour le royaume.
Entre février et avril, en pleine saison sèche, les habitants ont étouffé de longues semaines sous un air toxique, en particulier dans les villes du Nord et à Bangkok, provoquant plusieurs millions de visites à l'hôpital pour des problèmes respiratoires.
Dans la capitale, un petit groupe d'écologistes arpente les rues chauffées par le béton à la rencontre d'électeurs bien souvent fatalistes.
Vulnérabilité
La Thaïlande, et plus largement l'Asie du Sud-Est, fait partie des régions du monde les plus vulnérables au changement climatique.
Pour deux tiers des Thaïlandais, le changement climatique ne fait pas partie des priorités des partis politiques, selon une étude publiée fin 2022.
Selon elle, la gouvernance, l'économie et l'inflation sont plus importants. Et d’ajouter:
C'est là-dessus que la jeune génération veut faire entendre sa voix.
Les élections thaïlandaises voient s'affronter un camp réformiste, avec Pheu Thai et Move Forward "Aller de l'avant", et leurs adversaires conservateurs pro-armée, incarnés par le Premier ministre sortant Prayut Chan-O-Cha, arrivé au pouvoir en 2014 à la suite d'un coup d'Etat.
Dans l'opposition, le parti le plus radical, Move Forward, propose de réduire les émissions de carbone, via des subventions aux agriculteurs et la promotion des voitures électriques, tandis que Pheu Thai s'est engagé à mettre fin au brûlis dans un délai d'un an.
Ces derniers, en tête dans les sondages, soutiennent également une version d'un projet de loi sur la qualité de l'air, proposée par un groupe de réflexion citoyen, le Clean Air Network (CAN).
"Une crise de santé publique"
Plusieurs partis de la coalition sortante ont également assuré qu'ils soutenaient cette loi.
Le clientélisme sur lequel repose la politique thaïlandaise empêche tout changement réel, estime Danny Marks, professeur assistant de politique environnementale à la Dublin City University.
Selon lui, derrière les petits agriculteurs à qui on fait porter le chapeau, il y a de puissantes entreprises agro-alimentaires.