Ethiopie: HRW réclame une enquête de l'ONU sur des exécutions de civils par l'armée en Amhara

09:444/04/2024, jeudi
AFP
Un membre de la police Amhara monte la garde au bain Fasilides lors de la célébration de la veille de Timkat, l'Épiphanie orthodoxe éthiopienne, à Gondar, le 19 janvier 2024.
Crédit Photo : MICHELE SPATARI / AFP
Un membre de la police Amhara monte la garde au bain Fasilides lors de la célébration de la veille de Timkat, l'Épiphanie orthodoxe éthiopienne, à Gondar, le 19 janvier 2024.

L'ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé jeudi l'ONU à enquêter sur les exécutions de "plusieurs dizaines" de civils par l'armée éthiopienne fin janvier dans la localité de Merawi, dans l'État régional de l'Amhara en proie à un conflit.

Mi-février, la Commission éthiopienne des droits humains (EHRC), une institution publique statutairement indépendante, avait estimé qu'au moins 45 habitants de Merawi avaient été exécutés le 29 janvier par les forces gouvernementales après des affrontements avec des milices locales Fano, un bilan qu'elle pensait sous-estimé.


Selon les témoignages recueillis par HRW, après le retrait des Fano de Merawi, localité située à environ 30 km au sud de la capitale régionale Bahir Dar, les soldats éthiopiens s'en sont pris durant
"six heures"
aux habitants, ont abattu hommes et femmes
"dans les rues ou lors de perquisitions"
et
"pillé et détruit des biens civils"
.

L'ONG dit n'avoir
"pas été en mesure de déterminer le nombre total de civils tués à Merawi".

Cette tuerie est
"l'une des plus meurtrières de civils (...) depuis le début des combats en Amhara en août 2023"
entre l'armée fédérale éthiopienne et les Fano, estime HRW dans un communiqué appelant le Commissaire de l'ONU aux droits humains à
"lancer une enquête indépendante sur les violences en Amhara".

L'ONG appelle en outre l'ONU et l'Union africaine à
"suspendre tout nouveau déploiement"
de contingents éthiopiens au sein des opérations de maintien de la paix, dont l'Éthiopie est un des principaux pourvoyeurs africains,
"tant que les chefs militaires responsables de graves exactions ne rendront pas des comptes".

"L'incapacité du gouvernement à faire en sorte que les responsables d'exactions au sein des forces fédérales et régionales rendent des comptes contribue à la poursuite des cycles de violences et d'impunité",
estime Laetitia Bader, directrice adjointe pour l'Afrique de HRW.

Les tueries de civils par les forces gouvernementales éthiopiennes
"sont devenues le quotidien d'un nombre incalculable d'Éthiopiens dans les zones de conflit",
déplore-t-elle.

Le Parlement éthiopien a prolongé début février l'état d'urgence instauré en août 2023 en Amhara pour tenter, sans succès jusqu'ici, de mater l'insurrection des Fano.


L'état d'urgence en Éthiopie transfère la responsabilité de la sécurité à des
"postes de commandement"
militaires et suspend un certain nombre de droits et libertés. L'EHRC s'était dite
"profondément inquiète de la prolongation des pouvoirs d'exception et ses implications sur les droits humains".

Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, l'Éthiopie est en proie à plusieurs conflits locaux, mêlant revendications politiques et communautaires, émaillés de nombreuses exactions contre les civils.


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