
La forêt de bâches blanches a laissé place à un désert. L'immense camp de déplacés de Kanyaruchinya, situé en périphérie de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), s'est presque entièrement vidé après la prise de la ville par le M23 et l'armée rwandaise.
Auparavant, une centaine de milliers de déplacés s'y entassaient dans des conditions d'hygiène et de sécurité effroyables, comme dans toute la périphérie de Goma.
Cette ville d'un million d'habitants, capitale de la province du Nord-Kivu, a vu sa population quasi doubler au gré des vagues de violences endeuillant l'est de la RDC depuis plus de trente ans.
À perte de vue, s'étendent désormais des petits carrés de caillasse noire délimitant des habitations disparues, jonchés de détritus laissés par les anciens occupants.
Sa destination est encore incertaine, elle confie:
Je pars, mais ne sais pas où je vais habiter.
La ligne de front toute proche, qui séparait les positions de l'armée congolaise et celles du groupe armé antigouvernemental M23 et des troupes rwandaises, a disparu depuis que ces derniers ont conquis la ville, au prix de combats meurtriers.
La faim va nous tuer là où nous allons, mais il vaut mieux souffrir chez nous à la maison.
Pressions
Or, l'arrivée du M23 n'a pas laissé le choix aux habitants du camp de Kanyaruchinya. Le groupe armé a fait du retour des déplacés l'un de ses mantras.
Certains habitants du camp disent avoir subi des pressions pour partir. Mais la plupart assurent qu'ils ont préféré rentrer d'eux-mêmes, avant d'être forcés à le faire.
Cet exode satisfait des habitants originels des lieux. Leurs maisons de planches se dressent désormais seules au milieu des gravats. Au pied de l'une d'entre elles, Elizabeth Base Sembimbi découpe des pommes de terre d'un air blasé.
Elle se dit prête à reprendre les travaux champêtres. Quant aux espaces laissés libres, sa famille espère y rebâtir des maisons en dur, après quatre années d'occupation de sa parcelle par les tentes.
Au bord de la route, des hommes en armes, visiblement des soldats rwandais, patrouillent à pied et inspectent les échoppes.