France / Colère des agriculteurs: Gabriel Attal annonce des aides d'urgence et d'autres mesures concrètes

10:1827/01/2024, samedi
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 Des agriculteurs bloquent l'autoroute A64, en signe de protestation contre les impôts et la baisse des revenus, près de Carbonne, au sud de Toulouse, le 26 janvier 2024.
Crédit Photo : Matthieu RONDEL / AFP
Des agriculteurs bloquent l'autoroute A64, en signe de protestation contre les impôts et la baisse des revenus, près de Carbonne, au sud de Toulouse, le 26 janvier 2024.

Le Premier ministre français Gabriel Attal a dévoilé, ce vendredi, une série d'aides et de mesures d'urgence en réponse à la colère des agriculteurs français qui manifestent depuis une dizaine de jours.

En visite dans une exploitation bovine de Haute-Garonne, le chef du Gouvernement français, confronté à sa première grande crise depuis sa nomination, a mis l'accent sur la nécessité de
"déverrouiller, libérer, simplifier"
le travail des agriculteurs. Il a également appelé à une
"mobilisation nationale"
pour l'agriculture française, déclarant:

Sans nos paysans et nos agriculteurs, ce n'est plus la France.

Attal a encouragé l'achat de produits français et une participation accrue dans les commandes publiques pour soutenir l'agriculture nationale.


Compréhension des enjeux


Attal a affirmé sa compréhension des enjeux pour les agriculteurs français:
"Vous avez voulu envoyer un message. Je suis venu vous dire que le message, on l'a reçu cinq sur cinq, que je vous ai entendus"
.

Il a souligné l'importance de placer l'agriculture au cœur des priorités du gouvernement, en appelant à
"préférer acheter français"
et en demandant aux responsables de la commande publique de soutenir cette démarche.

Simplification drastique


Pour favoriser la
"liberté d'entreprendre"
, Attal a annoncé une
"simplification drastique des procédures"
et des normes inutiles, avec un
"mois de la simplification"
prévu dans les trois prochaines semaines. Dans ce cadre, dix mesures de simplification immédiate seront mises en place par décret.

Opposition entre environnement et agriculture


Le Premier ministre français envisage un
"rapport précis sur l'état de notre souveraineté alimentaire"
d'ici au salon de l'Agriculture, fin février.

S'agissant de l'environnement, Attal a exprimé son incompréhension face à l'opposition entre la défense des agriculteurs et celle de l'environnement, reconnaissant les agriculteurs comme les
"premières victimes de la dégradation de notre environnement".

Aspect juridique, Egalim et GNR


Sur le plan juridique, Attal a promis d'
"accélérer les procédures"
concernant les projets de retenue d'eau et de simplifier les contrôles menés par l'Office français de la Biodiversité (OFB), le plaçant sous la tutelle du préfet pour réduire la pression sur les agriculteurs.

En ce qui concerne les lois Egalim, Attal s'est engagé à les
"faire respecter partout"
et à prononcer
"trois sanctions très lourdes"
contre les entreprises qui ne les respectent pas. Il a également adressé la question sensible du Gazole Non Routier (GNR), promettant de mettre fin à la
"trajectoire de hausse"
de la taxe et d'instaurer une
"remise à la pompe"
de l'exonération d'ici à l'été.

Accord UE - Mercosur


Par ailleurs, Gabriel Attal a réitéré l'opposition de la France à la conclusion de l'accord de commerce entre l'Union européenne et les nations du Mercosur en Amérique latine. Cet accord, objet de négociations de longue date entre le Mercosur et l'UE, fait face à des obstacles, particulièrement en ce qui concerne les préoccupations environnementales. Il a été critiqué, en particulier par les agriculteurs français, qui s'inquiètent d'une compétition inéquitable avec les produits en provenance d'Amérique du Sud.


Des aides d'urgence


Pour les éleveurs affectés par la maladie hémorragique épizootique (MHE), Attal a annoncé un
"budget de 50 millions d'euros"
et une augmentation du taux d'indemnisation à 90%. Un doublement du fonds d'urgence pour les agriculteurs bretons touchés par la tempête Ciaran fin 2023 et une aide d'urgence pour la filière bio, ont aussi été annoncés.

Ces annonces reflètent une volonté du gouvernement d'apporter des solutions concrètes aux problématiques urgentes de l'agriculture française, tout en cherchant à équilibrer les besoins économiques, environnementaux et sociaux.

Elles marquent un tournant dans la gestion de cette crise et pourraient façonner les relations futures entre le gouvernement et le secteur agricole.


Position de la FNSEA


La FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) a indiqué qu'elle réagira ce vendredi soir à 20 heures (UTC+1), après les annonces de Gabriel Attal.


"On attend patiemment que le Premier ministre veuille bien nous dire ce qu'il en est et on communiquera vers 20 heures après avoir rassemblé nos réseaux, pour faire le point ensemble"
, a indiqué le président de la fédération agricole, Arnaud Rousseau. S'ils ne sont pas entendus, les agriculteurs seront
"galvanisés"
, a-t-il prévenu.

La communauté agricole française exprime son malaise depuis une dizaine de jours: une colère visible également à l'échelle européenne, avec des manifestations similaires en Roumanie, Pologne, Pays-Bas et Allemagne.


Colère des agriculteurs


Parmi les préoccupations majeures, les agriculteurs français dénoncent le poids des normes réglementaires et un dénigrement croissant du monde agricole. Les agriculteurs estiment subir une pénalisation excessive en comparaison avec d'autres secteurs, une situation exacerbée par les coûts élevés du foncier, favorisant l'achat et l'urbanisation des terres agricoles.


C'est dans ce que contexte que le Premier ministre français Gabriel Attal a rencontré les agriculteurs sur le terrain, ce vendredi après-midi.

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