Crédit Photo : Ludovic MARIN / AFP
Le président français Emmanuel Macron lors de sa visite du 60e Salon international de l'agriculture, au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 24 février 2024.
Le Président français Emmanuel Macron a initié une forme de dialogue, ce samedi, avec des agriculteurs, dans un contexte de forte tension au Salon international de l'agriculture à Paris.
La foire a connu un démarrage mouvementé, avec un retard d'ouverture dû à des heurts survenus sur place. Le Président français Emmanuel Macron, accueilli sous les sifflets, a ensuite initié une discussion avec une dizaine d'agriculteurs, dans un contexte de forte tension.
La Confédération paysanne, syndicat agricole, a indiqué sur les réseaux, avoir
"refusé de fournir des membres pour une délégation syndicale pour cette opération de comm' du Président de la République"
.
"Nous ne voulons pas d'une énième mascarade, place aux actes maintenant, prix planchers, protection économique sur les marchés"
, a déclaré le syndicat de gauche.
Débat avec les agriculteurs
Face à la montée des tensions, Emmanuel Macron a choisi de s'engager dans un débat qui se voulait improvisé avec les agriculteurs présents.
, a-t-il affirmé, soulignant sa volonté d'écoute en réponse à la colère exprimée.
Les agriculteurs présents autour de la table ronde ont partagé leurs préoccupations, notamment sur les importations en provenance d'Ukraine et l'impact des normes européennes et administratives sur leur quotidien
. "On fait beaucoup pour le bien-être animal, mais que fait-on pour le bien-être des agriculteurs ?"
a interrogé une agricultrice, illustrant le sentiment de désarroi face aux difficultés du secteur.
En réponse aux critiques sur les normes, Macron a plaidé pour une simplification:
"Arrêtons d'emmerder les Français"
, a-t-il déclaré, proposant de réunifier les contrôles et de supprimer certaines normes. Malgré cela, les agriculteurs ont exprimé un sentiment d'immobilisme, arguant que
"rien n'a bougé d'un iota"
malgré les annonces gouvernementales survenues après la mobilisation agricoles des semaines précédentes.
Macron a contesté cette perspective, soulignant les efforts entrepris par l'Exécutif, mais ses arguments ont été rapidement interrompus par des interlocuteurs exprimant leur frustration face à une crise agricole s'étalant sur plus de trois décennies.
"On va s'en sortir tous ensemble"
, a déclaré Emmanuel Macron, se voulant rassurant, mais rappelant également que le Gouvernement français ne peut pas seul décider de ce qui relève notamment des règles européennes ou du commerce international.
Ce dialogue tendu révèle les défis auxquels fait face le secteur agricole en France, marqué par des inquiétudes profondes et un sentiment de négligence. Alors que le Salon international de l'agriculture se poursuit, la question demeure: quelles seront les réponses concrètes apportées par les autorités pour adresser ces préoccupations légitimes? La capacité du gouvernement à apporter des solutions tangibles sera cruciale pour restaurer la confiance dans un secteur vital pour l'économie et l'identité culturelle françaises.
L'ouverture du Salon, initialement prévu pour 9 heures (UTC+1), a été repoussée à 10 h 30, à l'exception du pavillon 1, resté fermé en attente d'une amélioration de la situation après les tensions survenues tôt le matin, alors que le chef d'État français était attendu pour l'ouverture. La veille, Emmanuel Macron avait annulé un grand débat prévu dans l'enceinte du Salon, suite à des désistements de plusieurs syndicats.
Pour rappel, le secrétaire général de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles, classé à droite), Hervé Lapie, a appelé, ce vendredi, le Gouvernement français à agir pour répondre aux revendications des agriculteurs.
Le syndicaliste a répondu aux questions d'Anadolu lors d'une manifestation à Paris, organisée par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA), à la veille de l'ouverture du Salon de l'Agriculture 2024.
Interrogé sur les raisons de cette manifestation après un mois d'interruption, Hervé Lapie a estimé qu'"on marche sur la tête en France", mais que "les agriculteurs ont envie de rebondir et d'avoir un projet pour le renouvellement des générations".
"On produit moins, on est dépendant des importations agricoles qui ne respectent pas nos normes. C'est le moment de changer de logiciel en agriculture, de relocaliser une partie de la production"
en France, a souligné Lapie avant de rappeler l'enjeu important de la
"souveraineté alimentaire"
française et des défis liés à l'élevage et à la production agricole. Il a aussi insisté sur la nécessité d'une loi d'orientation affirmant la souveraineté alimentaire comme
"intérêt majeur pour la nation".
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