Visite à Nicolas Sarkozy en prison : Gérald Darmanin visé par une plainte pour "prise illégale d’intérêts"

La rédaction avec
12:1831/10/2025, Cuma
MAJ: 31/10/2025, Cuma
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Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 29 octobre 2025.
Crédit Photo : LUDOVIC MARIN / AFP
Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, quitte le palais présidentiel de l'Élysée à Paris après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 29 octobre 2025.

Un collectif d’avocats a déposé dans la nuit du jeudi 30 octobre une plainte contre le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, pour "prise illégale d’intérêts" après sa visite à Nicolas Sarkozy à la prison de la Santé, à Paris.

La plainte, déposée auprès de la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à juger les membres du gouvernement pour des actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions, met en cause une possible atteinte à l’impartialité du ministre de la Justice.


Selon ce collectif d’une trentaine d’avocats, dont Jérôme Karsenti, Jérôme Giusti et Isabelle Dahan, cette visite est de nature à
"mettre à mal la confiance que les justiciables ont dans la justice"
et à porter
"préjudice à l’image et à l’exercice"
de la profession d’avocat.

Gérald Darmanin s’était rendu mercredi 29 octobre en début de soirée à la prison de la Santé, où il s’est entretenu pendant environ 45 minutes avec l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, incarcéré depuis le 21 octobre après sa condamnation à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs dans l’affaire libyenne.


Immixtion politique


Quelques jours auparavant, le 23 octobre, ce collectif d’une trentaine d’avocats avait déjà adressé une lettre ouverte au ministre pour dénoncer le risque d’
"immixtion politique"
et
"d’atteinte à la séparation des pouvoirs"
. Ils rappelaient que si le ministre de la Justice a le droit de visiter des établissements pénitentiaires, l’exercice de cette prérogative
"au seul bénéfice d’un justiciable"
soulevait une question.

Le ministre avait justifié cette visite en affirmant qu’il s’agissait de son devoir, en tant que chef de l’administration pénitentiaire, de s’assurer de la sécurité et des conditions de détention de l’ancien chef de l’État.


"S’assurer de la sécurité d’un ancien président de la République en prison, fait sans précédent, n’attente en rien à l’indépendance des magistrats, mais relève du devoir de vigilance du chef d’administration que je suis"
, avait-il déclaré, invoquant l’article 20 de la Constitution.

Atteinte à l’indépendance des magistrats


L’ancien président bénéficie par ailleurs de la protection de deux officiers de sécurité, une mesure exceptionnelle prise
"eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui"
, selon le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez.

Cette visite, saluée par certains soutiens de Nicolas Sarkozy, a toutefois suscité de vives critiques au sein de la magistrature et de la classe politique. Le procureur général près la Cour de cassation, Rémy Heitz, avait estimé qu’une telle initiative comportait un
"risque d’obstacle à la sérénité"
de la justice et donc
"d’atteinte à l’indépendance des magistrats"
.

La gauche avait également dénoncé un
"manque de respect des institutions"
, rappelant que Nicolas Sarkozy avait été reçu à l’Élysée quelques jours avant son incarcération. Le Président français Emmanuel Macron s’était alors défendu, jugeant cette rencontre
"normale sur le plan humain"
.

Nicolas Sarkozy, qui a fait appel de sa condamnation, reste détenu à la prison de la Santé dans l’attente d’une nouvelle audience.


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