Inde: le parti de Modi dépose un projet de code civil unifié qui enflamme le débat

11:297/02/2024, mercredi
AFP
Le Premier ministre indien Narendra Modi.
Crédit Photo : Punit PARANJPE / AFP
Le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le parti nationaliste hindou au pouvoir en Inde a déposé mardi dans l'État de l'Uttarakhand (nord) un projet de nouveau code civil unifié qui pourrait être appliqué à l'ensemble du pays et qui polarise le débat à quelques semaines des élections, la communauté musulmane s'estimant brimée.

Le Bharatiya Janata Party (BJP) du Premier ministre Narendra Modi fait depuis longtemps campagne pour un code civil uniformisé, mais de nombreux musulmans y voient un nouveau cheval de bataille dirigé contre eux par les nationalistes hindous majoritaires.


Selon les détracteurs de M. Modi, il s'agit d'un signal adressé par le BJP à sa base électorale et d'une promesse implicite d'imposer le Code civil uniforme (UCC) après les élections d'avril prochain dont il est donné vainqueur.


Le projet d'UCC déposé à l'assemblée de l'État de l'Uttarakhand est l'une des trois promesses faites par le parti de M. Modi à ses électeurs. Les deux autres, déjà remplies, sont la consécration du temple d'Ayodhya et l'annulation de l'autonomie constitutionnelle du Cachemire administré par l'Inde, dont la population est majoritairement musulmane.

Narendra Modi a inauguré en janvier un nouveau temple à Ayodhya, sur le site d'une ancienne mosquée démolie par des fanatiques hindous il y a plusieurs décennies.


"Notre gouvernement, rassemblant tous les secteurs de la société, a déposé la loi"
sur l'UCC, a déclaré le chef du gouvernement de l'État de l'Uttarakhand. La loi devrait être approuvée cette semaine, le BJP pouvant s'appuyer sur une confortable majorité dans cet État, dont les quelque 12 millions d'habitants sont à 80 % hindous.

Les 1,4 milliards d'habitants de l'Inde sont soumis à un code pénal commun, hérité de l'époque coloniale britannique. Mais il n'y a jamais eu de code civil uniformisé concernant les affaires à caractère privé comme le mariage, le divorce, l'adoption et l'héritage.

Les Indiens sont à cet égard soumis à un patchwork de différents codes civils basés sur les coutumes et traditions des différentes communautés et religions. Les droits des femmes, des enfants et des familles varient beaucoup d'une région à l'autre en fonction du code civil en vigueur localement.


De nombreux hommes politiques de droite, juristes et réformistes ont critiqué le caractère selon eux archaïque de ces lois basées sur les coutumes et ont fait campagne pour un code civil unifié qui s'appliquerait à tous les Indiens d'une manière égalitaire.


Cependant, de nombreuses communautés craignent qu'un tel code uniformisé ne porte atteinte à leurs lois religieuses et à leur identité, ainsi qu'à la constitution laïque de l'Inde. La polygamie est exclue par le projet de loi.

Mohammad Ahmed Qasmi, imam à Dehradun, capitale de l'État, a estimé que la loi était
"contre une religion particulière, l'islam"
.
"Nous y sommes vigoureusement opposés".

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