L'ancien Président de la RD Congo, Joseph Kabila.
L'ancien président congolais Joseph Kabila (2001 - 2019) est arrivé dimanche soir à Goma, principale ville de l'est de la République démocratique du Congo, contrôlée par les rebelles du M23/AFC, mettant fin à ses deux ans d'exil, a appris Anadolu de sources concordantes, lundi.
Ce retour intervient deux jours après une rare prise de parole vidéo de l'ancien chef de l'État depuis l'étranger, alimentant les spéculations sur ses intentions politiques.
"Nous sommes en mesure de vous annoncer maintenant que le raïs (NDLR … Joseph Kabila) est arrivé hier dans la soirée à Goma"
, a déclaré à l'Agence Anadolu, Emmanuel Ramazani Sharadry, secrétaire permanent de son parti PPRD et candidat malheureux à la présidentielle de 2018 remportée par Félix Tshisekedi.
Les porte-paroles (civil et militaire) du M23 ont salué sa présence à travers des publications sur X, qualifiant Kabila de
et d'homme
"respecté et respectable"
.
Le chef des rebelles Corneille Nangaa a déclaré que Kabila a
“fait un bon choix, plutôt que de rester en exil forcé”.
"A Goma, Joseph Kabila est le bienvenu, dans la seule partie du pays où l'arbitraire, la persécution politique, les condamnations à mort, le tribalisme, les discriminations, les discours de haine... n'existent pas"
, a-t-il également affirmé sur X.
Ce déplacement intervient alors que Joseph Kabila fait l'objet d'accusations de soutien aux rebelles du M23/AFC qui ont pris le contrôle de plusieurs villes dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
La justice militaire avait obtenu, la semaine dernière, la levée de son immunité de sénateur à vie, ouvrant la voie à des poursuites judiciaires. Il pourrait être inculpé pour trahison, participation à un mouvement insurrectionnel et crimes de guerre. Ces charges sont passibles de lourdes peines, voire de la peine capitale.
Le retour de l'ancien président à Goma, six ans après avoir transféré pacifiquement et démocratiquement le pouvoir à Félix Tshisekedi, intervient dans un contexte de tensions accrues à l'est du pays.
En attendant le procès, les autorités de Kinshasa poursuivent les enquêtes sur des présumés réseaux d'influence que Kabila entretiendrait encore dans les milieux sécuritaires et économiques.
Kabila avait quitté le pays en 2021 après avoir accusé son successeur (NDLR : élu sans majorité au Parlement) d'avoir mené un
"coup d'Etat constitutionnel"
consistant à requalifier la majorité en pleine législature.
Tshisekedi, qui gouvernait dans le cadre d'une coalition regroupant plusieurs sensibilités politiques, avait mis fin à cette coalition, dissolvant le gouvernement et évinçant tous les proches et partisans de Kabila à la tête des institutions politiques.