Les Sierra-Léonais élisent samedi leur président, invités par le sortant Julius Maada Bio, qui brigue un second mandat, à voter dans le calme en cette période économique éprouvante pour le pays.
Le scrutin, qui doit s'achever à 17H00 (locales et GMT), a démarré avec retard dans plusieurs centres comme à Wilberforce Barracks, une caserne militaire de Freetown où a voté le président Bio peu avant 12H00, ont constaté des journalistes de l'AFP. Environ 3,4 millions de personnes sont appelées à choisir entre 13 candidats.
Cette présidentielle est la revanche de 2018 entre M. Bio, l'ancien militaire à la retraite de 59 ans, et son principal concurrent technocrate Samura Kamara, 72 ans, chef du Congrès de tout le peuple (APC). M. Bio, candidat du Parti du peuple de la Sierra Leone (SLPP), l'avait emporté au second tour avec 51,8% des voix.
Depuis, M. Bio a eu à gouverner l'un des pays les plus pauvres de la planète, durement touché par le Covid-19 puis la guerre en Ukraine. L'ancienne colonie britannique peinait déjà à se remettre d'une guerre civile sanglante (1991-2002) et de l'épidémie d'Ebola (2014-2016).
Vie chère
M. Bio s'est fait le champion de l'éducation et des droits des femmes. Il a dit à l'AFP privilégier l'agriculture et réduire la dépendance de son pays aux importations alimentaires.
M. Kamara, ministre des Finances puis des Affaires étrangères avant l'avènement de M. Bio en 2018, a lui indiqué à l'AFP vouloir restaurer la confiance dans les institutions économiques nationales et attirer les investisseurs étrangers.
La cherté de la vie est la préoccupation commune à une très grande majorité de Sierra-Léonais. Les prix de produits de base comme le riz sont montés en flèche. L'inflation était en mars de 41,5% sur un an.
Après des décennies de troubles, de coups d'Etat et de régimes autoritaires, la Sierra Leone élit son président depuis la fin des années 1990.
M. Bio lui-même a été membre d'un groupe d'officiers qui avait pris le pouvoir par la force en 1992, et leader en 1996 d'un nouveau putsch à l'issue duquel il avait organisé des élections libres avant de partir pour les Etats-Unis.
Opposants "attaqués"
Les défenseurs des droits humains dénoncent la persistance de graves abus, y compris de la part du gouvernement ou au nom du gouvernement. L'ouverture en février d'un procès pour corruption contre Samura Kamara, juste après sa désignation comme candidat de l'APC, a soulevé des questions.
Les analystes soulignent cependant qu'une grande partie des Sierra-Léonais devraient se déterminer bien plus en fonction des appartenances régionales que du prix des denrées ou du respect des droits, et feront le calcul que l'argent et le travail iront aux régions dont les représentants seront associés au vainqueur de la présidentielle.
Le risque de violence est l'une des inconnues, bien que la campagne ait été plus calme que les fois précédentes à Freetown.
L'APC a affirmé dans un communiqué vendredi que ses agents électoraux ont été attaqués par le parti au pouvoir à Pujehun (sud), Kenema (est) et Bonthe (sud) et empêcher de siéger dans des bureaux.