Madagascar : le colonel Michael Randrianirina, nouvel homme fort du pays après la chute d’Andry Rajoelina

La rédaction avec
13:4215/10/2025, mercredi
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Des soldats du Centre d'administration du personnel de l'armée (CAPSAT), dirigés par le colonel Michael Randrianirina, ont pris le contrôle du palais présidentiel et suspendu la constitution après plusieurs semaines de manifestations antigouvernementales à Antananarivo, Madagascar, le 13 octobre 2025.
Crédit Photo : AA / AA
Des soldats du Centre d'administration du personnel de l'armée (CAPSAT), dirigés par le colonel Michael Randrianirina, ont pris le contrôle du palais présidentiel et suspendu la constitution après plusieurs semaines de manifestations antigouvernementales à Antananarivo, Madagascar, le 13 octobre 2025.

Âgé de 51 ans, le colonel Michael Randrianirina est originaire de la région de l’Androy, dans l’extrême sud de Madagascar. Il a dirigé le bataillon d’infanterie de Tuléar, dans la région voisine de l’Atsimo Andrefana, avant d’être nommé gouverneur de l’Androy entre 2016 et 2018.

Officier de carrière, formé à l’académie militaire d’Antsirabe (ACMIL), il s’est progressivement imposé dans la hiérarchie militaire, jusqu’à prendre la tête du CAPSAT (Corps d’administration des personnels et des services administratifs et techniques), une unité influente connue pour son rôle clé dans les crises politiques du pays.


Le nouvel homme fort du Madagascar


Sur le plan religieux, le Colonel Michael Randrianirina tient également une responsabilité en tant que membre de la communauté des évangélistes, communément appelé "Mpiandry", au sein de l’Eglise luthérienne de Madagascar.


Dans les premiers jours de début des manifestations de la Gen Z au mois de septembre, il s’est fait connaître sur les réseaux sociaux en lançant de virulentes critiques face aux répressions menées par les agents de la gendarmerie contre les manifestants.


Il occupe désormais les fonctions de chef de l’État intérimaire, avec le soutien implicite de la Haute Cour constitutionnelle, supposé être dissoute.

Très critique envers Rajoelina


Le CAPSAT est une unité réputée influente au sein de l’appareil militaire malgache. Sa bascule en faveur des manifestants en 2025 a joué un rôle décisif dans l’abandon du pouvoir.


Pas avare de critiques contre le régime d’Andry Rajoelina, Randrianirina a été arrêté en novembre 2023 et incarcéré à la maison de force de Tsiafahy, au sud d’Antananarivo, pour
"incitation à la mutinerie militaire en vue d’un coup d’État"
.

Remis en liberté en février 2024, il a ensuite été condamné à un an de prison avec sursis pour
"atteinte à la sûreté de l’État".
Cette condamnation n’a pas entamé son influence au sein de l’armée, où il conservait de solides soutiens.

Déjà remarqué pour ses prises de position fermes lors de l’affaire dite Apollo 21, Randrianirina a joué un rôle déterminant dans le basculement militaire d’octobre 2025. L’affaire Apollo 21, rendue publique le 20 juillet 2021, désigne une tentative de coup d’État et d’assassinat du président Andry Rajoelina. L’accusation était celle d’une tentative d’élimination physique du chef de l’État.

"L’armée a répondu à l’appel du peuple"


C’est dans ce climat de défiance et de soupçons d’ingérence que Randrianirina, alors à la tête du CAPSAT, a refusé d’obéir aux ordres visant à disperser les manifestations de la jeunesse urbaine en octobre 2025.


Le tournant décisif survient quand le CAPSAT (sous son commandement) quitte ses casernes pour rejoindre le mouvement, s’emparant du Palais présidentiel à Antananarivo et déclarant que l’armée prenait le contrôle des institutions de l’État.

Le 14 octobre, il apparaît publiquement pour annoncer la suspension de la Constitution et des principales institutions, affirmant que
"l’armée a répondu à l’appel du peuple"
.

Entre espoirs de stabilité et crainte d’un glissement autoritaire, Madagascar entre dans une phase de transition incertaine, sous la direction de l’armée pour la 5eme fois de son histoire.


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